Célébration du Premier Dimanche de l’avent

Le Comité de la Jupe vous propose une trame de célébration d’entrée dans l’avent. Si vous faites partie d’un groupe local, elle peut vous inspirer pour animer votre prochaine rencontre. Si vous ne faites pas partie d’un groupe local, vous pouvez la méditer seule, ou avec des ami.es catholiques. Sentez-vous libre de la modifier comme vous le souhaitez.

A l’heure des premières neiges et de nos villes illuminées, des soirées au chaud sous un plaid et des arbres nus, le monde chrétien entre dans l’Avent (du latin adventus: venue, avènement). Quatre semaines pour apprivoiser encore un peu plus le mystère de l’incarnation du Christ (du grec Khristos, traduction de l’hébreu Messie c’est à dire “oint”).

Quatre semaines pour avancer sur nos chemins de vie et de foi.

Ensemble.
Sororalement,
Le Comité de la Jupe

Chant d’entrée : Céleste Jérusalem 


R: Notre cité se trouve dans les cieux
Nous verrons l’épouse de l’Agneau
Resplendissante de la gloire de Dieu
Céleste Jérusalem

L’Agneau deviendra notre flambeau
Nous nous passerons du soleil
Il n’y aura plus jamais de nuit
Dieu répandra sur nous sa lumière

Dieu aura sa demeure avec nous
Il essuiera les larmes de nos yeux
Il n’y aura plus de pleurs ni de peines
Car l’ancien monde s’en est allé

Et maintenant, voici le salut
Le règne et la puissance de Dieu
Soyez donc dans la joie vous les cieux
Il règnera sans fin dans les siècles

Évangile du premier dimanche de l’Avent

Luc 21, 25-28.34-36.

En ce temps-là,
Jésus parlait à ses disciples de sa venue :
« Il y aura des signes dans le soleil, la lune et les étoiles.
Sur terre, les nations seront affolées et désemparées
par le fracas de la mer et des flots.
Les hommes et les femmes mourront de peur
dans l’attente de ce qui doit arriver au monde,
car les puissances des cieux seront ébranlées.
Alors, on verra le Fils de l’homme venir dans une nuée,
avec puissance et grande gloire.
Quand ces événements commenceront,
redressez-vous et relevez la tête,
car votre rédemption approche.

Tenez-vous sur vos gardes,
de crainte que votre cœur ne s’alourdisse
dans les beuveries, l’ivresse et les soucis de la vie,
et que ce jour-là ne tombe sur vous à l’improviste
comme un filet ;
il s’abattra, en effet,
sur tous les habitant.es de la terre entière.
Restez éveillé.es et priez en tout temps :
ainsi vous aurez la force
d’échapper à tout ce qui doit arriver,
et de vous tenir debout devant le Fils de l’homme. »

Proposition de méditation en trois temps :

  1. Un temps de silence ou d’écoute de l’hymne des chérubins

  1. Un temps d’enseignement autour du commentaire proposé par Pauline, membre du bureau du Comité de la Jupe:

A première vue, cet extrait de l’évangile de Luc fait froid dans le dos. On imagine les tempêtes, les peuples désemparés, les personnes littéralement « mortes de peur » …

Une apocalypse en somme ! On est loin de la douceur de la crèche qu’on s’apprête à installer, et des retrouvailles que les fêtes de Noël nous laissent espérer.

Mais tâchons de ne pas nous effrayer car le mot apocalypse revêt à l’origine le sens de “révélation”. En ce jour d’entrée dans l’avent, cherchons ensemble à ouvrir nos cœurs à cette révélation.

En lisant les avertissements de Jésus, on ne peut s’empêcher de faire le lien avec la situation sociale, écologique, géopolitique, actuelle. Situation d’autant plus désolante que l’on sait qu’en cas de crises, ce sont toujours les femmes, les filles, les plus durement et injustement touchées…

D’ailleurs, l’évangéliste Luc, quelques versets plus haut, révélait la mise en garde de Jésus à l’égard spécifiquement des femmes : « quel malheur pour les femmes qui seront enceintes et celles qui allaiteront en ces jours-là » (Luc, 21.23). Une attention particulière portée aux mères qui en dit long sur le chaos qui s’annonce.

Mais enfin, pourquoi Jésus nous menace-il de la sorte ? Pourquoi nous fait-il si peur ?

Pour nous maintenir éveillé.es ?  Dans ce cas, la menace fonctionne car c’est bien en dressant la liste des points communs entre cet évangile et la situation actuelle, que nous nous alertons. Effrayé.es, nous voulons trouver une solution, une mission à accomplir pour ne pas tomber dans la plainte, le désarroi, .

Nous chercherons peut-être à accomplir le plus de prières, le plus de bonnes actions possibles, pour ne pas tomber dans le « filet » ou en vue d’un éventuel rachat. D’ailleurs lorsque le verset indique « priez en tout temps » c’est la première idée qui m’est venue : je n’ai qu’à prier pour faire partie des rescapé.es.

La foi chrétienne fonctionnerait-elle alors sous forme de contrat ? je reste un.e bon.ne chrétien.ne et Dieu me protégera du mal ?

Malheureusement l’expérience humaine nous révèle que croire ne protège pas des épreuves. Notre foi nous offre de les vivre autrement, confian.tes d’un amour qui dépasse le marchandage par les œuvres.

C’est ce que souhaite nous transmettre Saint-Augustin lorsqu’il écrit « Personne n’accomplit le bien pour recevoir la grâce, mais parce qu’il l’a reçue1 » ; autrement dit, la grâce est première, toujours antérieure à tout mérite. Marion Muller Collard en commentant le livre de Job  personnage de l’Ancien Testament, juste et fidèle malgré les mises à l’épreuve, nous invite à sortir d’une relation “contractuelle”. Elle s’adresse à Job en disant :

« Tu passes d’une religiosité enfantine à une foi d’adulte, tu passes d’un système à une relation. Tu as perdu un Dieu fonctionnel qui s’est avéré, de surcroit, ne pas bien fonctionner. Tu as trouvé un Dieu vivant, qui t’échappe et que tu cherches. Tu as raison, vieux frère. Nous pouvons alors commencer une autre histoire. Une histoire d’amour et de grâce – une histoire gratuite, sans système ni commerce. Car si nous voulons revenir de la plainte autrement qu’en « défenseur fanatique de l’ordre rétabli », il nous faut le courage de recréer une façon d’être au monde qui intègre l’irréductible menace 2».

Intégrons donc cette menace, “les soucies de la vie” dont parle justement l’évangile, et acceptons cette grâce qu’Adrien Candiard évoque dans Lettre à Philémon :

« La grâce quand nous l’acceptons ne reste pas sans effet sur notre vie. Quand la grâce entre en nous, elle devient gratitude (…) C’est la joie de recevoir un don. En acceptant le don de Dieu, nous ne nous engageons à rien d’autre qu’à nous en réjouir. A laisser cette joie peu à peu prendre toute la place, nous libérer de notre fatras de dettes et de créances, de droits et de devoirs qui règlent notre univers mental. A laisser notre vie devenir un joyeux, un tonitruant “merci” »3.

Et en guise de conclusion je vous invite à lire les paroles encourageante de Marion Muller Colard :

« Rien n’est dû, tout est donné. Quoiqu’il arrive, réjouis-toi que le soleil, chaque matin, se lève sur le monde et invite tous les désespérés à brandir avec lui une opposition inconditionnelle à la nuit. Respire, prends courage, ouvre tes volets. Tant qu’il fait encore jour, travaille aux œuvres de celui qui a créé la vie »1

1) Augustin, De gratia et libero arbitrio, XVII, 20,41 . BA vol. 24 , p. 185.
2) Marion Muller Collard, L’Autre Dieu, la plainte, la menace et la grâce.
3) Adrien Candiard, A Philémon, réflexion sur la liberté chrétienne.

  1. Un temps de partage entre vous

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Joyeuse marche vers Noël !

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