Une fois de plus, des religieux moisis s’attaquent à Charlie Hebdo !

La caricature de la Vierge Marie, publiée dans « Charlie Hebdo » le 16 aout au lendemain de la fête de l’Assomption, a choqué deux associations catholiques qui ont porté plainte contre le dessinateur Pierrick Juin et le directeur de publication de Charlie, Riss.

On y voit la Vierge Marie avec les symptômes du Mpox et en larmes, et des personnes la traitant de « salope », « traînée », « truie » ou encore de « putain ». Le tout légendé comme ceci : « Variole du singe : première apparition du virus en Europe ». Selon La Croix, le média Tribune chrétienne et l’association « Marie de Nazareth » ont déposé plainte auprès du tribunal judiciaire de Paris, pour « incitation et provocation à la haine religieuse ».

Nous avons trois raisons de nous étonner de tant de sottise. D’abord, nous sommes dans un espace républicain laïc. Les articles 18 et 19 de la Déclaration Universelle des Droits de l’humain garantissent respectivement la liberté de de religion, et la liberté d’expression. Dans cet espace démocratique les religions constituent un fonds culturel commun, dont les mythes et les figures peuvent être utilisées pour le débat et la créativité des artistes, intellectuels et journalistes. Si chaque clergé commence à interdire de toucher à sa croyance dans l’espace public, notre monde devient irrespirable : une juxtaposition de sectes repliées sur elles-mêmes, où les pires crétineries peuvent être déclarées « sacrées ». Il n’y a plus de tribune commune. Déclarons-le hautement : notre foi est du domaine de notre liberté. D’ailleurs, la compréhension qu’on en a varie tout au long de la vie. Imposer à autrui nos croyances reviendrait à interdire tout débat.

Ensuite, on ne donne pas cher d’une confiance en Dieu qui serait ébranlée par un dessin. Vraiment, quelle intelligence des Ecritures ! Si Dieu est grand, franchement, ce n’est pas une caricature qui va lui remuer les entrailles. Calmos.

Ensuite, il n’y a que de petits esprits pavloviens qui réagissent sans lire. Dans le dessin de Pierrick Juin, la Vierge malade est exposée à la vindicte populaire, à la manière des martyrs. Rien d’offensant ou d’accusateur, elle est la victime des imbéciles qui rejettent et discriminent autrui sur les apparences. Un chrétien à l’ancienne, adepte du sacrifice, devrait s’en féliciter. On rêve quand ils parlent d’ « incitation à la haine religieuse » ! Il s’agit tout au plus d’une incitation à haïr les brutes qui maltraitent Marie !

Enfin ces associations prennent un point de vue masculiniste en réduisant Marie à une idole sirupeuse, une vierge de plâtre saint sulpicienne. C’est Charlie qui a raison en la représentant sous le coup des dénigrements. S’imagine-t-on ce qu’a dû subir une jeune fille enceinte, à une époque où on lapidait les femmes infidèles ? Cette transgression de Marie a trop longtemps été inimaginable pour nous. Qu’on croie ou non à la conception virginale du Christ, Charlie est dans le vrai en disant que Marie a risqué d’être traitée de « salope », de « putain », de « traînée »… une fille coureuse, enceinte hors mariage… Charlie attaque le patriarcat qui attaque Marie. Ce n’est pas Marie qui est moquée, mais le patriarcat censeur des mœurs, accablant les exclus et les malheureux.

Autrement dit : pour défendre Marie, défendons Charlie !

Frédérique Zahnd