Diaconat féminin : « L’Église devrait relire l’Évangile sans les biais de 18 siècles de patriarcat »
Dans un récent texte publié par La Croix, le père Denis Biju Duval explique pourquoi selon lui le diaconat féminin serait une « fausse bonne idée », alors qu’il a été au cœur des débats du synode. Sylvaine Landrivon et Carmen Chaumet lui répondent, et dénoncent une « approche masculiniste ».
Par Sylvaine Landrivon, Docteure en théologie, co-présidente du Comité de la jupe et Carmen Chaumet Responsable du pôle international du Comité de la jupe.
Quand le patriarcat catholique se préoccupe de combattre le « machisme clérical » en dénonçant l’ordination de « diaconesses » comme une « fausse bonne idée », une large moitié du peuple de Dieu a toutes les raisons de s’inquiéter.
Cette tribune illustre toutes les chausse-trapes dont l’institution a balisé sa tradition pour exclure les femmes des charges de la transmission de l’Évangile, et pour ainsi le trahir. Exeunt Sarah, Déborah, Tsipporah, Judith, Marie, la Magdaléenne, la Samaritaine… Oubliée l’humanité créée pour la relation et l’alliance entre humains égaux devant Dieu.
Approche masculiniste
Pour reprendre l’argumentation à son début, faut-il d’abord rappeler que le terme grec diaconos ne possède pas de féminin dans le Nouveau Testament, même pour décrire le ministère de Phoébé la collaboratrice de Paul ? Il importe donc de conserver pour cette fonction le terme « diacre » même en référence aux femmes. Mais peut-on reprocher cette féminisation lexicale à quelqu’un qui croit encore que « le mot Dieu se conjugue au masculin » ?
Quelle étrange lecture de l’Écriture qui omet le livre d’Osée (pour ne citer que lui) qui présente Dieu comme une mère qui apprend à marcher à son enfant et le nourrit (Os 11,3-4), et qui lui préfère sans doute un dieu guerrier sebaôt (Dieu des armées). Cette approche masculiniste expliquerait-elle la prolifération de dictateurs un peu partout sur la planète ? !