Lettre ouverte à Monsieur Grégory DOUCET, Maire de Lyon
Lyon, le lundi 23 septembre 2024
Monsieur le Maire,
Comme nombre de nos concitoyen·ne·s, et plus largement dans la communauté internationale, nous avons été accablé·e·s par les révélations des crimes sexuels perpétrés par l’Abbé Pierre, personnalité charismatique et emblématique du secours aux personnes les plus démunies.
Nous vous témoignons notre reconnaissance pour l’acte fort que vous avez posé en débaptisant la place éponyme de la Duchère, sans attendre le positionnement du Conseil Municipal. Cette décision d’urgence témoigne du respect que vous avez pour les victimes, et de votre compréhension de la gravité de la situation.
Malheureusement, à l’exception connue d’un prêtre de l’Est Lyonnais, notre Église ne prend pas position par crainte de fragiliser l’Institution. C’est notamment le cas de la hiérarchie locale qui se distingue par son silence assourdissant.
Ce faisant, elle conforte le patriarcat et encourage la culture de la dissimulation. Elle prend le risque que de tels crimes et abus continuent de se produire. Elle détourne le regard des femmes et enfants victimes, dont les vies ont été brisées, et les oblige à se reconstruire sans son soutien.
Nous, femmes et hommes catholiques, croyons pourtant en un Dieu qui appelle à respecter inconditionnellement toute personne dans son intégrité physique et psychique et particulièrement les plus vulnérables.
Monsieur le Maire, vous souhaitez le concours des habitants du 9e arrondissement pour choisir un nouveau nom à cette place. Comme Sylvaine Landrivon, coprésidente du Comité de la Jupe, l’a évoqué sur BFM TV jeudi 19 septembre, nous sommes disponibles pour participer à un groupe de réflexion, afin de proposer des noms de personnalités féminines, lyonnaises, emblématiques. Vous trouverez quelques suggestions en pièce jointe
Nous vous prions, Monsieur le Maire, de croire en notre sincère dévouement au service de la lutte contre toute forme de violence et d’exclusion.
Le groupe local 69 du Comité de la Jupe, association féministe et catholique
Voici déjà quelques suggestions :
Eugénie NIBOYET (1796-1883)
Ecrivaine et militante féministe, elle fonde d’abord à Lyon, en 1833, le premier journal féministe de province “Le Conseiller des femmes.” Puis en 1836, “La Gazette des femmes” qui lutte pour les droits politiques et civiques des femmes. Enfin, en 1848, elle fonde le premier quotidien français féministe “La Voix des femmes”. Protestante, ses engagements pour la paix, la fin de l’esclavage et l’éducation sont en lien avec sa foi chrétienne
Antoinette ROUSSEL (1805-1885)
Née à Lyon, fondatrice de l’Institut des Petites Sœurs des Pauvres, elle a voué sa vie laïque puis son engagement religieux au service des plus démunis et des personnes âgées des quartiers défavorisés de Lyon.
Jeanne DESPARMET RUELLO (1847-1937)
Elle a dirigé le 1er lycée public de filles de France, à Montpellier puis le lycée de Jeunes filles de la ville de Lyon pendant 25 ans. Féministe, partisane de la République sociale, impliquée dans l’affaire Dreyfus, elle est à l’origine de l’Université populaire de Lyon.
Anne SYLVESTRE (1934-2020)
Née à Lyon en 1934, elle est autrice compositrice écrivaine interprète, artiste. Féministe, elle a milité et chanté pour les droits des femmes. Ses chansons pour enfants reflètent aussi sa lutte contre le sexisme et pour une éducation neutre et égalitaire.