Rassemblement « De la parole aux actes »
L’association De la Parole aux Actes invitait toutes les personnes qui se sentent concernées par les violences sexuelles dans l’Église catholique à un rassemblement devant la conférence des évêques de France le samedi 16 novembre à 14h, pour demander l’application des recommandations de la CIASE (Commission Indépendante sur les Abus Sexuels dans l’Eglise).
Cela fait maintenant 3 ans que la CIASE a rendu son rapport, dénombrant à 216 000 le nombre de victimes d’abus sexuels par des prêtres ou religieux depuis les années 1950 et proposant 45 recommandations pour traiter les origines systémiques de ces violences sexuelles.
Pourtant l’institution catholique n’a toujours pas mis en place l’ensemble de ces recommandations et les membres de cette commission n’ont pas été reçus par le pape.
Le Comité de la Jupe était présent à ce rassemblement le 16 novembre. Retrouvez ci-dessous notre prise de parole à cette occasion.
Bonjour à toutes et tous,
Nous prenons aujourd’hui la parole au nom du Comité de la Jupe, association catholique féministe.
Avant tout, nous tenons à dire à toutes les victimes : “Nous vous croyons”. Nous remercions celles qui ont parlé et se sont battues pour la justice, nous pensons également à celles qui ont vécu des violences sexuelles mais n’ont pas parlé. Vous pouvez compter sur le soutien des féministes. Nous vous croyons et nous sommes à vos côtés. Nous demandons justice avec vous.
Il y a 3 ans, grâce aux associations de victimes, notamment de nombreuses personnes présentes aujourd’hui, ainsi qu’au travail de la CIASE, la responsabilité systémique de l’Église catholique a été reconnue. Le mot dont nous souhaitons parler aujourd’hui est le mot “systémique”. Il signifie que les violences sexuelles dans l’Église ne sont pas le fait de quelques individus isolés mais sont la conséquence d’un système qui crée ces individus et les protège.
Quel est ce système ? Une institution hiérarchique, sans contre pouvoir, dirigée par des clercs, c’est-à-dire des hommes qui se font appeler “pères”. Nous connaissons le nom de ce système : c’est un système patriarcal.
Ce système patriarcal n’a aujourd’hui pas été remis en cause.
Du côté de la gouvernance, les recommandations de la CIASE étaient claires : “il convient de passer au crible la concentration entre les mains d’une même personne des pouvoirs d’ordre et de gouvernement ; l’identification de la puissance sacramentelle avec le pouvoir.” (n°34) Aux dernières nouvelles, absolument rien n’a changé à ce sujet.
Du côté de l’éthique sexuelle, le catéchisme de l’église catholique n’a pas changé dans son traitement des violences sexuelles : le viol est listé dans les péchés contre le 6ème commandement “Tu ne commettras pas d’adultère”, sur le même plan que la masturbation, la pornographie et l’homosexualité. Que dire face à ça ? Comment s’étonner qu’avec une éthique sexuelle pareille le système crée des pervers sexuels incapables de distinguer le bien du mal ?
Tant que l’éthique sexuelle et la gouvernance de l’institution n’auront pas été réformées, il y aura de nouveau des victimes. Les origines des violences et les réformes à mettre en place sont claires : nous ne demandons pas à la CEF de créer des groupes de travail mais de remettre en cause son système patriarcal. Nous continuerons à lutter pour ces changements tant qu’il le faudra, à vos côtés.