Servant·es d’autel : une proposition pour l’égalité

Filles et garçons, défendre l’égalité devant l’autel – éléments pour réfléchir et agir

La Théorie

« Il est tout à fait louable que se maintienne la coutume insigne que soient présents des enfants ou des jeunes – dénommés habituellement «servants d’autel» ou «enfants de chœur» – qui servent à l’autel comme acolytes, et reçoivent, selon leurs capacités, une catéchèse utile, adaptée à leur service. On ne doit pas oublier que, du nombre de ces enfants, qui servent à l’autel, a surgi, au long des siècles, une multitude de ministres sacrés. Afin de pourvoir plus efficacement aux besoins pastoraux de ces servants d’autel, il est nécessaire d’instituer et de promouvoir pour eux des associations, en faisant même appel à la participation et à l’aide de leurs parents. Quand des associations de ce genre acquièrent une dimension internationale, il revient à la Congrégation pour le Culte Divin et la Discipline des Sacrements de les ériger, ou d’approuver et de reconnaître leurs statuts. Les filles ou les femmes peuvent être admises à ce service de l’autel, au jugement de l’Évêque diocésain; dans ce cas, il faut suivre les normes établies à ce sujet. »

Source : Vatican, Congrégation pour le Culte Divin et la Discipline des Sacrements
Instruction Redemptionis Sacramentum sur certaines choses à observer et à éviter concernant la très sainte Eucharistie, 2004

« Plus aucun texte du Magistère n’interdit aux filles de servir à l’autel »

Interview de l’évêque de Toulouse Guy de Kerimel dans Famille Chrétienne (12 septembre 2022)

La pratique: les évêques laissent les prêtres juges en la matière

« Décret du Diocèse de Luçon sur l’admission des filles et des femmes au service de l’autel :

Je promulgue le décret suivant :

  • Dans le diocèse de Luçon, les filles ou les femmes peuvent être admises au service de l’autel.
  • Cependant, il s’agit là d’une possibilité et je confie aux curés le soin de décider de l’opportunité d’admettre ou non des filles au service direct de l’autel selon leur discernement pastoral après avoir consulté leur Conseil paroissial.
  • Lorsqu’un nouveau curé sera nommé dans une paroisse, il ne pourra changer, dans tin sens ou dans l’autre, les dispositions en vigueur dans la paroisse, qu’un an après sa prise de fonction et après avoir consulté son Conseil paroissial. »

L’apparition des servantes d’assemblées, spécificité française sans fondement doctrinal

« Ce rôle de servante, tout comme les garçons ont un rôle de servant à l’autel, est aussi à l’image de Jésus, le serviteur par excellence. Il y a des missions communes aux hommes et aux femmes, mais les femmes ont une mission en tant que femme, la mission d’accueillir, d’écouter, d’offrir, en un mot de représenter l’assemblée. Différentier le service de l’autel et celui de l’assemblée, c’est mettre en valeur les spécificités de chacun, ce qui fait leur beauté et leur richesse. C’est respecter la mission de chacun, la vocation de chacun et finalement la volonté du Seigneur, créateur de chacun de nous, créateur de cette différence qui permettra de vivre l’unité profondément. »

Source: site de la paroisse st Emile de Valence

Les actions du Comité de la Jupe

Une carte interactive de la situation des paroisses que tous·tes peuvent compléter, afin de collecter des données.

A l’occasion du 8 mars 2023, le Comité de la Jupe adresse un courrier (que l’on peut lire ici) à tous les évêques de France.

Seuls 4 ont répondu : “Denis Moutel, évêque de Saint-Brieuc, nous dit qu’une telle pratique n’existe pas dans son diocèse. Jean-Marc Eychenne, évêque de Grenoble, a répondu dans le même sens, ainsi que Christian Nourrichard, évêque du diocèse d’Évreux. Quant à Olivier de Germay, archevêque de Lyon, il nous confirme que rien ne peut s’opposer à la présence des filles autour de l’autel ; par conséquent il laisse ses prêtres libres de choisir, tout en les alertant sur le fait que « l’on ne tardera pas à s’apercevoir des limites » du « tout-mixité actuel »…”

En Octobre 2024, une proposition du groupe local du comité de la Jupe du Loiret : un courrier au SNPLS pour demander le soutien d’un projet éditorial qui promeuve l’égalité entre filles et garçons au service de l’autel. Le courrier est à lire ci-dessous.

À l’intention du SNPLS : Service National de la Pastorale Liturgique et Sacramentelle

Service National de la Pastorale Liturgique et Sacramentelle
Conférence des évêques de France
58, avenue de Breteuil
75 007 Paris

Objet: offre éditoriale concernant le service de l’autel
Orléans le 18 octobre 2024

Madame, Monsieur

Catholiques engagées dans nos paroisses à Orléans, attentives à la question de l’égalité entre les hommes et les femmes dans les Eglises et la société, nous sommes particulièrement attachées à l’égalité d’accès des filles au service de l’autel aux côtés des garçons. Cette égalité, nous le savons, représente la norme dans notre Eglise, ainsi que l’a précisé en 2004 l’instruction Redemptionis sacramentum (paragraphe 47), ainsi que le rappellent régulièrement les prélats : ainsi cet été, le Cardinal Jean-Claude Hollerich, président de l’Association internationale des servants de messe, sur les ondes de radio Vatican. Les textes et les autorités sont claires : oui, nos filles et jeunes filles ont toute leur place près de l’autel.

Malheureusement, lorsque l’on parcourt les rayons des librairies françaises, force est de constater que l’offre éditoriale ne reflète nullement les normes romaines. Une personne souhaitant offrir à une petite fille un livre ou support imprimé qui lui permette d’appréhender son nouveau rôle au service de l’autel sera contrainte de lui offrir des manuels ne représentant visuellement (photos ou illustrations)… que des petits garçons.

Souvent, ces ouvrages précisent que le rôle de servant d’autel est réservé aux garçons. Parfois, ils présentent les filles sous l’habit de servantes d’assemblée, rôle qui n’est pas défini par la liturgie romaine. Certains ouvrages sont consacrés d’ailleurs spécifiquement à ce rôle de servante d’assemblée, mais après notre enquête auprès de libraires, nous n’en avons trouvé aucun représentant filles et garçons servant ensemble la messe (à l’exception notable d’une très sympathique série de romans d’Anne-Isabelle Lacassagne : mais il ne s’agit pas d’un guide ou manuel du service de l’autel).

Bien sûr, il est possible que nous n’ayons pas connaissance de toute l’offre éditoriale; mais il nous semblait important de soulever cette question et de partager notre étonnement. Le Service National de la Pastorale Liturgique et Sacramentelle pourrait contribuer à mettre en avant et promouvoir un projet éditorial qui tout simplement, mettrait en image la doctrine propre à l’Eglise Catholique, et présenterait des filles et des garçons à égalité au service de l’autel.

Si différentes sensibilités peuvent s’affronter au sein de notre Eglise sur cette question liturgique, il est important que dans l’offre éditoriale, la norme de la liturgie soit elle aussi représentée, et que les enfants sans discrimination puissent constater qu’ils et elles sont bienvenus et bienvenues dans une communauté dans laquelle ils et elles ont le désir de prendre une part active.

Nous serions heureuses d’échanger avec vous sur ce sujet, et nous vous remercions de l’attention que vous porterez à notre démarche.

Groupe Local du Comité de la Jupe du Loiret