D’anciennes membres de l’Opus Dei en Argentine disent avoir été victimes de « traite humaine », révèle Golias
Dans un article intitulé « Sale temps pour l’Opus Dei » , le magazine Golias Hebdo révèle que le Vatican a reçu récemment un texte signé par une quarantaine de femmes d’Argentine, dénonçant le pratiques de l’organisation vis-à-vis des femmes. Ces femmes sont toutes des anciennes numéraires auxiliaires de l’Opus Dei.
Extrait :
« Les numéraires, auxiliaires au sein de la Prélature « sont ces personnes – exclusivement des femmes – qui s’occupent à temps plein de l’entretien des centres et du service à ses membres : réception, ménage, lessive, intendance, restauration, etc. Elles décrivent un quotidien proche d’une forme d’esclavage telle qu’on en a connue en d’autres temps en Irlande avec les « Magdalena Houses », de sinistre mémoire.
Jugez un peu : jusqu’à quinze heures de travail par jour, pour la plupart non rémunérées (et ce, six jours sur sept) ; salaire versé en intégralité à l’Opus Dei ; absence de couverture sociale ou de cotisation auprès des services d’Etat ad hoc ; surveillance permanente ; relations avec la famille entravées (y compris en cas de décès ou de mariage d’un parent) ; impossibilité de prétendre à une forme d’évolution sociale ou professionnelle. Mais encore : obligation de confession hebdomadaire avec un prêtre désigné par la Prélature ; mortifications corporelles (cilice et discipline) ; pratiques de piété multiples ne laissant aucun temps libre personnel (messe quotidienne, chapelet, divers temps de méditation, examen de conscience, etc.).
Certaines n’hésitent pas à parler de « traite humaine » : issues pour la majorité d’entre elles de milieux modestes ou pauvres, elles dénoncent les visites effectuées par des membres de l’Opus Dei auprès de leur famille pour leur faire miroiter une scolarisation qui se réduira habituellement à des travaux pratiques d’employées de maison – que ne sanctionne aucun diplôme officiel – au sein des centres de l’Œuvre. Captées pour la plupart à l’âge de treize ou quatorze ans, elles constituent non seulement une intéressante main-d’œuvre, bien sûr gratuite, mais sont rapidement convaincues par les cadres ou prêtres de l’Œuvre d’un « appel », d’une « vocation » à se sanctifier dans ces tâches domestiques au sein de l’Opus Dei.
Eloignées de chez elles, parfois envoyées dans d’autres pays – où elles ne sont généralement pas déclarées – elles se retrouvent otages d’une institution qui les utilise à son gré. Leur faible niveau d’instruction les rend inaptes à contester l’emprise dont elles font l’objet, d’autant plus que tout échange avec d’autres numéraires auxiliaires sur leur statut est strictement défendu, au point de faire l’objet, le cas échéant, de très sérieuses remontrances. Quant à celles qui laisseraient paraître des velléités de quitter l’Œuvre, elles se font menacer, au sens propre, des peines de l’enfer pour trahison de leur vocation surnaturelle que d’autres ont « discernée » pour elles…
L’embarras des responsables de la Communication de l’Opus Dei est manifeste : « Il y a pu y avoir, de ci de là, quelques manquements mais tout cela est maintenant régularisé ! » ou : « Nous avons appris de nos erreurs » ou encore : « Nous sommes prêts à demander pardon si certaines personnes se sont senties blessées… ».
La réalité, c’est que la pratique est ancienne. Rappelons l’épisode de Catherine Tissier, ayant obtenu en France un jugement en sa faveur contre l’Ecole hôtelière Dosnon, directement liée à l’Opus Dei : inscrite en 1985 dans cette école à l’âge de quatorze ans, victime de ce qu’elle appellera un « véritable lavage de cerveau », elle connaît à 29 ans une sévère dépression due à son régime de vie au sein de l’Œuvre. Ne pesant plus que 39 kilos, il faudra que sa mère menace les instances de l’Opus Dei de porter plainte pour « non assistance à personne en danger » pour qu’elle puisse prendre quelques jours de repos dans sa famille et échapper ainsi à l’emprise de l’institution.
En Espagne, berceau de l’Opus Dei, plusieurs ex-numéraires auxiliaires auront aussi à recourir à la menace de dénonciation auprès des Tribunaux pour « travail dissimulé » afin d’obtenir une compensation financière relative aux années de travail servile passées au sein de l’Opus Dei.
Gageons que les instances vaticanes, jamais trop promptes à réagir, prendront toutefois au sérieux les accusations de ces femmes exploitées, pour certaines d’entre elles, pendant de nombreuses années.
Au demeurant, il serait bon que les centaines de plaintes parvenues à Rome pour « dérives sectaires » au sein de l’Opus Dei fassent enfin l’objet d’une visite apostolique, comme ce fut le cas pour d’autres institutions en délicatesse avec le droit canon et, plus largement, avec ce que commandent tant la justice que la charité.»
Golias
Voir l’ensemble de l’article paru dans Golias Hebdo n° 626 :