Le comité de la Jupe a fêté ses 15 ans !

Photo de groupe

Dans un exercice de rétrospective, Anne Soupa, l’une des deux fondatrices du comité de la jupe, a d’abord retracé les tout premiers moments de cette belle aventure. Tout a commencé, en effet, à Paris aux Arènes de Lutèce en 2008, en réaction à la stupide boutade de l’archevêque de Paris à l’origine du nom de l’association. À l’appel d’Anne et de Christine Pedotti, plus de 400 personnes se sont retrouvées, arborant des parapluies rouges sur lesquels une référence au canon 208 du Code de droit canonique catholique rappelait l’institution à ses devoirs. Cet article juridique stipule qu’« Entre tous les fidèles, du fait de leur régénération dans le Christ, il existe quant à la dignité et à l’activité, une véritable égalité en vertu de laquelle tous coopèrent à l’édification du Corps du Christ… ». Le clin d’œil était discret mais percutant et bien relayé. Ambiance festive de cet événement, prises de paroles… Tels furent les premiers pas de l’association.

Un autre grand moment fut celui du conclave organisé par le comité de la jupe en mars 2013, trois jours avant l’élection de François. 72 femmes se sont réunies dans la salle blanche de St-Merry. Elles n’ont pas élu un pape mais demandé « un pape de la miséricorde et non de la loi ». Il semble que l’Esprit saint ait entendu leur vœu en envoyant François.

Une autre étape de l’association a été franchie avec la fête des 10 ans du comité de la jupe, comme nous l’a rappelé Aurélie Royet depuis Riga où elle nous rejoignait par visio.

La référence suivante relative à l’existence du comité de la jupe a été fortement transmise par la presse, quand en 2020, Anne Soupa a annoncé sa candidature comme archevêque de Lyon à la suite de Philippe Barbarin. Cette mise en lumière de la discrimination des femmes a suscité la création du mouvement Toutes Apôtres ! par lequel, sept femmes ont également candidaté. Marie-Automne Thépot, qui se présentait alors comme diacre, nous retrace ce grand chambardement dans la quiétude cléricale de l’été 2020. De nombreux média, en France comme en Europe, et même en Corée ont communiqué, pointant ainsi l’inégalité de traitement entre les femmes et les hommes au sein de l’institution catholique.

La rétrospective s’est poursuivie avec le témoignage très émouvant de Yolande Du Fayet de la Tour. En octobre 2021, en effet, sortait le rapport de la CIASE qui entrainait l’épiscopat à une réaction officielle à Lourdes un mois plus tard : « Les laïcs ne toléreront pas que nous nous endormions sur le chemin des réformes » écrivait alors Éric de Moulins-Beaufort dans le Figaro du 9 novembre. Et pourtant … Très vite François Devaux et Yolande Du Fayet de La Tour mesurent le danger « d’enterrement d’honneur que ferait la CEF de ce rapport » qui pointait 330 000 victimes. François Devaux, habitué des media fut très conscient de l’urgence d’alerter la population au-delà des cercles catholiques, et Lourdes constituait une étape de confrontation directe nécessaire pour une prise de conscience collective. Il a fallu moins d’un mois à Laurence Poujade, François et Yolande pour monter la double opération Lourdes/Paris. L’action du mouvement De la parole aux actes et la médiatisation des 4R : reconnaissance responsabilité, réparation, réforme, symbolisée par le port de rubans violets, ont interdit à l’Eglise d’ignorer le sujet. Mais il faut rappeler que le pape François n’a toujours pas rencontré Jean-Marc Sauvé et que de très nombreuses victimes attendent encore.

Chacune et chacun dans la salle, au souvenir de ce moment, vibre de l’émotion qu’il a suscité, surtout quand Yolande fait allusion à la lecture des textes extraits du livre De victimes à témoins, par des militantes venues devant la CEF de toute la France. Plusieurs membres du comité de la jupe participaient à cet événement. L’instant le plus poignant fut celui où, sous la bannière violette des 4R, plusieurs victimes approchèrent l’une après l’autre à visage découvert. Aucun des spectateurs ne pourra oublier ce témoignage. Mais malgré l’intensité de cette manifestation, la porte de la CEF est demeurée fermée.

Après ce rappel d’émotion intense, Annie Crépin, Présidente de FHEDLES, a résumé l’important travail de son association au service de l’égalité entre les femmes et les hommes. Un récent ouvrage édité au Temps présent rassemble les éléments importants de cette recherche qui servent de mémoire et de cadre au comité de la jupe.

Enfin, les deux co-présidentes du comité de la jupe mettent en lumière les réalisations récentes de l’association. Elles signalent également les nombreuses actions en perspective dans ce mouvement rajeuni et en pleine effervescence. Ce dynamisme conserve la ligne de ses statuts ; il n’a d’autre but que de revendiquer l’absence de discrimination dans l’Eglise et l’accès de toutes et tous, aux diverses charges au service de l’Evangile.

De beaux bouquets de fleurs, de délicieux gâteaux, et quelques bulles ont illustré ce temps festif qui fêtait 15 ans de militantisme.