A Reims, les femmes sont très présentes auprès des personnes en deuil

 

S’il est un lieu d’Eglise où les laïcs, et les femmes en particulier, sont très présentes, c’est bien celui du service des funérailles.  A Reims, Maryse Cousin est l’une de ces personnes qui accompagnent les personnes en deuil. Maryse Cousin a toujours été engagée dans l’église : mouvements de jeunesse,  catéchèse auprès des enfants et animation des chants. Après un arrêt de ces différentes activités pour garder ses petits-enfants, elle dit avoir réfléchi à un nouvel engagement en église. « Je n’aurai pas songé aux funérailles il y a quelques années, c’est sans doute avec l’âge, lorsqu’on enterre ses parents, ses beaux-parents, qu’on pense plus à la mort, et puis il faut avoir du temps en journée pour le service des funérailles.»

Elle a accepté de partager son expérience.

Voici son témoignage ainsi que celui de Bernadette Mulpas, nouvelle venue dans l’équipe.

 « Le prêtre de notre paroisse, le père Michel Pillot, un homme très ouvert, avait mis en route une équipe de célébrations religieuses au crématorium de ma ville. Cela m’intéressait et je partageais complètement son point de vue qui était d’aller là où les gens nous demandent, et non pas les amener par obligation à l’église.

Dans le diocèse il y avait déjà des équipes de laïcs pour les funérailles mais dans les paroisses uniquement.  C’est le fait d’oser aller ailleurs qui m’a fait réfléchir à cet engagement. C’était en septembre 2014.

J’ai donc suivi durant un an, une fois par mois, la formation théorique qu’il nous était demandé de faire, tout en accompagnant les députés (c’est le nom qui a été donné à ces laïcs engagés aux funérailles dans notre diocèse Reims-Ardennes) lors des célébrations pour être en situation.

Dans notre espace missionnaire Reims sud, qui regroupe sept grandes paroisses, nous sommes 5 femmes, 2 couples et 1 diacre. Nous aidons les prêtres à assurer les célébrations de prières à l’église.

Plusieurs de ces personnes se retrouvent dans l’équipe qui assure les cérémonies au crématorium et qui se compose de 5 femmes, un couple, et 4 hommes. Nous ne sommes pas assez nombreux, ni en paroisse ni au crématorium et pour ma part il m’arrive très souvent d’assurer deux célébrations par semaine.

A l’église nous essayons d’être deux, (en ce qui me concerne, je suis souvent seule à la basilique St Remi mais accompagnée par le sacristain pour les préparatifs.

Au crématorium nous sommes souvent seuls. Dans les deux cas nous avons une excellente relation avec l’équipe des pompes funèbres qui nous aide à l’église en préparant l’encens, ou pour certains en lisant quelques textes avec moi.

Des rencontres marquantes avec les familles

Lorsque nous sommes appelés, nous prenons contact avec la famille afin de les rencontrer, le plus souvent chez eux, parfois ailleurs. Faire connaissance, parler du défunt, leur présenter le livret comprenant les lectures et prières que nous leur demandons de choisir afin que la célébration soit à l’image du défunt ou à la leur. Certains des membres de l’équipe choisissent avec les familles, en ce qui me concerne je leur laisse le temps de la réflexion et s’ils veulent se consulter à plusieurs. Après leur choix, nous reprenons contact, par téléphone le plus souvent ou par mail, pour noter leurs souhaits, textes, musiques, chants etc…

Nous préparons le déroulement et nous les retrouvons, soit à l’église, soit au crématorium en prenant encore le temps pour les derniers détails. Nous lisons l’évangile et en faisons un commentaire.

Durant la célébration aussi nous nous sentons proches des familles dans la peine et nous essayons de faire en sorte que les lectures qu’elles ont choisies les réconfortent, au moins sur le moment. C’est je trouve un grand moment de fraternité. En général nous avons beaucoup de remerciements pour notre accompagnement, même si je leur dis toujours que c’est leur célébration que j’ai conduite, notre rôle est important pour elles.

Les rencontres avec les familles sont toutes marquantes. C’est un moment important que celui du deuil. Nous rejoignons les familles dans leur peine et dans les différends familiaux qu’elles vivent parfois et qu’elles nous confient. C’est un moment de « parler vrai ».    Certaines personnes sont bien loin de l’église mais veulent un « petit quelque chose », d’autres loin de l’église demandent ce temps de prière pour respecter les dernières volontés de leur défunt.  Nous sommes là pour répondre au mieux à leurs attentes et faire du dernier « au revoir » un moment de recueillement et d’espérance.  Etre proches, sans négliger la prière. J’accepte pour ma part les chansons qu’elles souhaitent, même à l’église.

Dialoguer avec un laïc est pour certains plus facile

Certaines familles sont déçues que ce ne soit pas un prêtre, ou sont surprises que ce soit une femme, mais par notre dialogue elles acceptent ensuite assez facilement. Parfois, le fait que ce ne soit pas un prêtre leur permet aussi d’exprimer leurs désaccords avec l’Eglise, cela suscite des échanges intéressants elles se sentent libres d’évoquer ce qui ne leur convient pas ou plus.

Ces rencontres sont des moments très riches en humanité, des moments où nous pouvons susciter des questionnements …même s’ils seront sans lendemain.

Ce que les femmes font durant la conduite des célébrations de funérailles, elles pourraient le faire pour toute célébration, je pense aux baptêmes… Pourquoi l’institution se limite-t-elle aux funérailles ?

 

Bernadette Mulpas a rejoint récemment l’équipe du service des funérailles

« J’ai fait pendant six ans la préparation au baptême des enfants et maintenant que l’âge arrive je me sens plus « utile  » à accueillir les personnes dans le deuil afin d’essayer de leur apporter un peu de paix dans cette période souvent douloureuse, plus particulièrement avant et durant la célébration de l’aurevoir.

J’accompagne le plus souvent Maryse Cousin pour rencontrer les familles et je l’assiste lors de la célébration avant de pouvoir dans quelque temps la diriger moi-même. Toutes ces rencontres, bien que très différentes, sont toutes intéressantes, et en parlant simplement avec notre cœur,  nous essayons de partager la peine de la famille qui nous reçoit souvent chez elle, entourée d’enfant, petits-enfants,  etc..
Ce ministère me convient car je me  sens  proche des gens, utile,  et beaucoup nous « remercient » du temps que nous leur avons accordé en les écoutant et en accompagnant leur défunt avec une cérémonie à laquelle ils ont souvent bien participé en choisissant des lectures et des chants qui leur conviennent ou que la personne défunte appréciait. »