Comité de la jupe

Ce 22 juillet 2020, nous 7 candidatons à des fonctions interdites aux femmes

7 : 45

Anne Soupa, malgré notre dîner de la veille entre nous ‘huit’ et avec les organisatrices, est déjà à pied d’oeuvre pour ‘la matinale de France Inter’. Les dés sont lancés.

«L’Église préserve le clergé masculin. La parole des femmes ne les concerne pas »

Une démarche symbolique pour montrer les capacités des femmes, dit-elle, «une prise de conscience face à l’invisibilité des femmes dans l’Église catholique».

« C’est une démarche profondément réfléchie », souligne-t-elle. « Et je suis admirative devant les profils, devant les compétences, devant les charismes de ces femmes ».

Anne Soupa « invite d’autres femmes à candidater, à lancer des listes de candidates et à les envoyer au nonce ».

« L’Église se prive de beaucoup de talents et c’est très dommage » estime la théologienne, qui dénonce un « conservatisme qui a un mal fou à faire place aux femmes, qui ne comprend pas l’émancipation des femmes ».

« L’Église est une citadelle très puissante. On a un combat très difficile. Mais il est pour l’Église, pas contre elle ».

À 9 : 45

Anne Soupa nous retrouve, nous les sept, Claire Conan-Vrinat, Sylvaine Landrivon, Christina Moreira, Hélène Pichon, Loan Rocher, Marie-Automne Thépot et moimême, Laurence de Bourbon-Parme devant la nonciature apostolique de Paris. À notre grande surprise, la presse en nombre est là, à nous attendre : BFM, Le Monde, le Pèlerin, l’agence Ciric, Causette.

Christina et Marie-Automne, après que nous ayons déposé nos enveloppes dans la boîte aux lettres de la nonciature, font une petite déclaration sur les raisons de nos candidatures : «Nous ne pouvons plus nous taire en ce temps graves que vit l’Église. Nous taire est un gâchis. Nous, femmes, nous avons à annoncer la Résurrection en faisant partie de l’Église. Nous voulons rester dans l’Église, mais dans une Église qui nous ressemble, et qui inclue nos diversités».

Puis nous nous rendons toutes à la Mascotte, à quelques pas de la nonciature pour une conférence de presse. Chacune à notre tour, nous nous présentons, avec cette diversité qui nous unit. Alix Bayle, journaliste, maîtresse en logistique et en relations presse, explique notre geste commun.

Et chacune avec notre charisme différent nous parlons de notre chemin personnel et de la raison de notre OUI, à cette décision historique. À la fin de cette conférence de presse, après tous ces mots forts exprimés, nous ressentons Sa Présence. C’est palpable. Un silence s’installe jusqu’à qu’une question de la presse nous invite à nous exprimer.

11 : 45

Le temps nous prend de court, nous étions en train d’oublier notre rendez-vous avec Marie-Madeleine. Elle qui fut la première à oser, sur la demande de son Rabbouni à évangéliser la parole de son Seigneur «Va dire à tes frères, que J’ai vaincu la mort. Que Je suis ressuscité» lui avait-Il dit, le jour de Sa résurrection. À elle seule, Le Seigneur avait prononcé ces mots. À elle seule, Il avait dit l’Essentiel. Cet Essentiel, que nous, ces 7 femmes, nous voulons faire vivre, rendre vivant dans la vie des êtres.

12 : 30

Elle nous attendait dans son église, à La Madeleine, dans le centre de Paris où a lieu la messe quotidienne. Durant l’homélie, en ce jour du 22 juillet, jour de sa fête, il nous est rappelé qu’officiellement, elle est reconnue par l’Église ‘l’Apôtre des apôtres’. La première évangélisatrice. Cette messe est belle, simple, à son image.

14 : 30

Après une petite collation, toutes ensemble, nous nous quittons, chacune de nous ayant une interview qui l’attendait.

19 : 00

Rentrées chacune chez soi, nous nous retrouvons pourtant sur les réseaux, étonnées des retentissements déjà exprimés sur notre action. Magnifiques ! Portées par tous ces êtres, femmes, hommes qui nous appuient, en nous soutenant par leurs encouragements à continuer ce que nous venons d’oser faire et être : Braver le silence de deux mille ans.