Denier du culte : la part des hommes, la part des femmes

Denier du culte : la part des hommes, la part des femmes

L’égalité femmes hommes est un objectif commun qui fait aujourd’hui consensus dans la société française : à l’école, dans l’entreprise, le monde associatif, la représentation politique et même l’armée. Toutes les fonctions sont en principe accessibles aux femmes, même si en réalité du chemin reste partout à parcourir.

Seule l’Église continue à discriminer les femmes en leur interdisant indistinctement l’accès à certaines fonctions et sacrements (prêtres, diacres), responsabilités (évêques, cardinaux, papes), missions (commentaire de la parole pour l’assemblée). Malgré les évolutions récentes de la doctrine sur ce sujet, dans de nombreuses paroisses, dont la mienne, il reste interdit aux femmes de distribuer la communion et aux petites filles de servir la messe. Enfin le droit canon interdit de manière très générale « l’exercice de l’autorité » aux femmes.

Ces discriminations ne me semblent évidemment pas fondées. Alors comment réagir ? Pour ma part j’ai choisi deux chemins depuis maintenant 4 ans :

  • Celui du dialogue d’abord: j’ai écrit à mes évêques successifs pour demander qu’un débat soit ouvert dans mon diocèse sur le sujet de la place de la femme dans l’Eglise à la suite de l’appel du Pape François. Le premier m’a répondu que, sur la question de l’accès des femmes au diaconat et à la prêtrise, la position de l’Église était définitivement arrêtée, et que pour le reste il invitait le couple responsable de la pastorale de la famille (femme=famille !) à se mettre en contact avec moi, ce qui ne fut jamais fait. Mon nouvel évêque m’a récemment répondu que la question de la place des femmes dans l’Église est « délicate » mais « tout à fait légitime » pour m’indiquer ensuite qu’elle fait partie des échanges « entre évêques », autrement dit entre hommes. S’il est d’accord sur le principe d’un débat « dépassionné », aucune suite concrète n’est à ce jour donnée à ma demande.
  • Afin de soutenir des actions positives et concrètes, mais aussi de marquer clairement mon désaccord, j’ai décidé de diviser les sommes allouées au denier de l’Église par deux : la première partie constitue « la part des hommes » que je donne à l’Église, la seconde « la part des femmes » que je donne pour moitié à une association œuvrant pour la place des femmes dans l’Eglise (le Comité de la jupe mais il y en a d’autres), pour moitié à l’association Le Nid qui lutte pour l’abolition du système prostitutionnel dont les femmes sont les victimes.

Ce sont des actions non violentes, centrées sur la recherche du dialogue, pour l’instant personnelles et sans succès ! Mais j’imagine que si toutes les femmes et les hommes qui se sentent concernés par ce sujet faisaient de même, il deviendrait impossible de ne pas entendre ces demandes de changements.

Pour moi ce mouvement de pleine acceptation des femmes dans l’Église va forcément avoir lieu, mais le chemin pour y parvenir ne m’est pas connu. J’aimerais qu’il se fasse dans le dialogue inspiré par l’Esprit. Pour cela, en tant que chrétiennes et chrétiens, nous devons aussi agir si nous voulons faire changer les choses. C’est pourquoi je propose ci-dessous un modèle de courrier à adresser à son évêque et à partager largement. Le chemin est difficile, mais au bout il y a une libération et un développement possible de tous les charismes des chrétiennes et des chrétiens, femmes et hommes en relation dans un nouveau rapport d’égalité. Alors quelle joie ! Quelle puissance de l’amour dans nos familles, nos Églises et dans le monde ! quelle paix !

Monseigneur,

Aujourd’hui et par ce courrier, je tiens à vous faire part de mon désaccord quant aux limitations imposées par l’Église aux modalités d’exercice des vocations et charismes des femmes. L’interdiction qui leur est faite de commenter la parole à l’assemblée, de distribuer les sacrements, d’être diacres, prêtres, évêques, cardinal, pape, ne me semblent pas fondée. J’aimerais donc, comme l’a demandé le Pape François, qu’un dialogue sur ce sujet soit engagé dans notre diocèse. Je suis prête à y participer.

Pour marquer mon désaccord avec la politique de l’Église catholique à l’égard des femmes, et pour encourager les organisations qui œuvrent concrètement en leur faveur, j’ai décidé d’attribuer dorénavant la moitié de la somme que je consacrais auparavant au denier de l’Église à : (citer les associations).
J’espère que nous pourrons un jour vivre femmes et hommes dans l’égalité dans notre Église et que chacune et chacun pourra y exercer pleinement sa vocation propre, au service de l’amour et de la paix.

Sororellement (ou Votre sœur, ou fraternellement, ou adelphiquement).

Emmanuelle