Des femmes voteront lors du prochain synode
« Mieux vaut une porte entr’ouverte qu’une porte fermée » ; telle a été la réaction d’Anne Soupa, à l’annonce de la nomination de nouveaux participants au prochain synode des évêques, dont le thème est la synodalité.
La nature de cette assemblée, qui se tiendra en octobre prochain, à Rome, ne change pas : il s’agit toujours du synode des évêques. Mais d’autres personnes, des laïcs nommés directement par le pape François, y participeront et pourront voter, ce qui est une première.
Un synode, c’est une assemblée d’évêques, qui se réunit tous les trois ans environ. C’est un organe consultatif, établi par le pape Paul VI en 1965, pour maintenir vivant l’esprit de collégialité décidé par le concile Vatican II. Le synode délibère et prend des décisions en matière de doctrine et parfois de discipline.
Jusqu’à présent, il réunissait essentiellement des évêques, seuls habilités à voter les résolutions finales. Des auditeurs, sorte de conseillers, participaient aux travaux, mais sans détenir une part de responsabilité puisqu’ils ne votaient pas les résolutions proposées. Des femmes ont ainsi participé en tant qu’auditeurs.
Il était d’usage que dix religieux participaient aux synodes, cinq prêtres et cinq non prêtres. Ces derniers avaient le droit de vote, alors que les religieuses ne votaient pas, ce qui a provoqué des protestations lors des dernières assemblées. Pour le prochain synode, dix religieux, autant d’hommes que de femmes, participeront et voteront. Au total, combien de personnes participeront au synode d’octobre prochain ? Aucun chiffre n’est donné par le Vatican pour l’instant. On estime leur nombre à près de 380, peut-être davantage.
Lorsque le synode ses réunira, en octobre, les auditeurs auront disparu. Ils laissent la place à 70 laïcs, dont une moitié de femmes et un certain nombre de jeunes, participeront aux travaux. Ceci signifie que 35 femmes, + 5 religieuses auront leur mot à dire. Elles seront donc 40, plus Nathalie Becquart, religieuse Xavière française, nommée sous-secrétaire du synode par le pape en 2021. Pour tous les fidèles qui espèrent voir reconnaître la place des femmes dans l’Eglise, c’est une avancée. 41 femmes sur 380, ce n’est pas la parité, loin de là, mais c’est un pas dans la bonne direction.
« Il ne faut surtout pas s’arrêter là. » assure Anne Soupa, théologienne et ancienne présidente du Comité de la jupe,
Aux Etats-Unis, la présidente de l’Union Internationale des supérieures Générales, sœur Nadia Coppa s’est réjouie de cette décision qui constitue un pas vers une Eglise plus inclusive. « La tente de l’Eglise s’agrandit, s’élargit et crée un nouvel enthousiasme car elle renouvelle le désir de construire une Eglise qui est à l’écoute et qui dialogue. » Pour elle, la présence de davantage de femmes est une conséquence des travaux préparatoires qui ont eu lieu ces deux dernières années.
Sur un plan théologique, il est intéressant de noter que le pape François fonde sa décision d’accroître le rôle des laïcs et donc des femmes en se fondant sur le fait que ce sont des baptisés. Le pape, qui a souvent dénoncé le cléricalisme, ne s’appuie pas sur l’ordination, mais sur le baptême de ceux qu’il invite à jouer un plus grand rôle. C’est important car le caractère sacré conféré aux prêtres par leur ordination a été vivement critiqué, notamment par la CIASE en France. Ce caractère « sacré » de la personne du prêtre est inscrit dans la droit canon, un droit appelé à évoluer, comme dans toute société.
EA avec AS.