Isabel Wilkerson, Caste – The Origins of Our Discontents (Les origines de nos mécontentements)

Isabel Wilkerson, Caste – The Origins of Our Discontents (Les origines de nos mécontentements)

Cet ouvrage d’Isabel Wilkerson (auteure noire, descendante d’esclaves aux États-Unis, prix du National Book Critics Circle en 2011), paru à New-York en 2020 et salué comme un grand essai, n’est pas encore traduit en français. La présentation que nous en donne Évelyne Tully n’en est que plus précieuse. D’autant qu’Évelyne s’est demandé, à la suite de cette lecture, si ce système de castes analysé par Isabel Wilkeron n’aurait pas à voir – mutatis mutandis – avec la discrimination que subissent les femmes au sein de l’Église catholique. Et si les huit piliers présentés par l’auteure pour expliquer comment fonctionne la domination ne pourraient pas servir à étudier également cette exclusion. Parce que les femmes sont bien des exclues, de la gouvernance, de la présidence de l’Eucharistie, de l’administration des sacrements, de la prédication, et même de la proclamation de l’Évangile en public.

Les désordres et dysfonctionnements sociaux ne disparaîtront que si l’on s’y emploie. Si on les ignore, si on les glisse sous le tapis, ils reviendront renforcés. Pour éradiquer le mal, il ne suffit pas de traiter les symptômes, il faut découvrir et soigner les racines. Telle est la démarche d’Isabel Wilkeron à travers ce livre où elle démontre que la racine des divisions américaines entre Américains blancs et Afro-Américains est le système des castes, c’est-à-dire l’architecture de la hiérarchie humaine, la soi-disante supériorité, la prétendue suprématie de groupes humains par rapport à d’autres groupes maintenus séparés.

Dans l’histoire de l’humanité, trois systèmes de caste prédominent : celui de l’Inde, celui du nazisme, et celui des États Unis d’Amérique. Dans les trois versions, il s’agissait de stigmatiser les groupes considérés comme inférieurs (Intouchables, Juifs, Noirs) pour justifier la déshumanisation nécessaire pour le maintien du système. Celui-ci n’est pas une affaire de sentiments ou de moralité, mais une affaire de pouvoir et de ressources pour dire qui mérite de les acquérir et de les contrôler. C’est une question de respect, d’autorité et de compétences : à qui sont-ils dus et à qui ne le sont-ils pas. Cette attribution de valeur à seulement certaines catégories de personnes implique des règles, des attentes, des stéréotypes.

Une distinction est à faire entre la caste et la race. La race désigne la division des humains en fonction de l’apparence, de la couleur de peau, des traits du visage, alors que la caste attribue de la valeur, des rôles et des compétences en fonction d’une hiérarchie établie, socialement construite. Quant à la classe, elle est mesurée par le niveau d’éducation, de revenus, d’emploi…

Comme l’indique le titre de ce livre, l’auteure s’intéresse aux origines, aux fondements du système des castes et au terme de ses recherches approfondies en Inde, en Europe et aux États-Unis, et d’innombrables récits d’expériences vécues par des personnes de caste supérieure et de caste inférieure, sans omettre les siennes propres, elle propose huit piliers porteurs du système, que ce soit en Inde, en Allemagne nazie ou en Amérique depuis sa conquête jusqu’à nos jours.

Premier pilier : la volonté divine et la loi naturelle.
Il s’agit de croyances qui à une période donnée faisaient partie intégrante de la culture et du subconscient collectif. Selon le texte hindou ancien, Manu, l’Omniscient, était assis en contemplation lorsque des grands hommes s’en approchèrent en demandant : « Veuillez, Seigneur, nous dire avec précision et dans le bon ordre les Lois de toutes les classes sociales, ainsi que celles nées entre deux. » Manu raconta qu’au temps où l’univers tel que nous le connaissons dormait d’un profond sommeil, l’Unique, qui est au-delà des sens, fit venir les eaux et se donna naissance en tant que Brahma, « le grand-père de tous les mondes ». Puis, pour remplir la terre, il créa les brahmanes, la caste supérieure, à partir de sa bouche ; les kshatriya, à partir de ses bras ; les vaiçhya à partir de ses cuisses, et à partir de ses pieds, les çudras, le plus inférieur des quatre varnas ou divisions.
L’élément à partir duquel chaque caste était formée prédisait la position que chacun occuperait dans le système. De bas en haut, des pieds à la tête, les çudras sont les serviteurs, les porteurs de fardeaux. Viennent ensuite les vaiçya, les marchands. Puis les kshatriya ou guerriers, protecteurs et dirigeants. Et enfin les brahmanes qui sont philosophes, sages, prêtres, les plus proches des dieux. Selon les lois de Manu, les brahmanes sont les seigneurs de toute la création : c’est grâce à leur bonté que tous les autres peuvent manger. Il n’est pas question dans ce quatuor de groupes de ceux qui sont encore plus bas que les pieds des çudras, les intouchables, invisibles, hors caste. Même leur ombre pouvait polluer.
Le texte sacré de l’Occident, l’Ancien Testament, fait état d’un Déluge qui a failli détruire toute l’humanité. Sur instruction divine, Noé fabrique une arche et s’y réfugie avec sa famille pendant quarante jours et quarante nuits. Après le déluge les fils de Noé, Sem, Cham et Japhet, deviennent les géniteurs de la nouvelle humanité. Noé plante une vigne et s’enivre de son vin. Il s’étale nu sous sa tente. Cham l’aperçoit et prévient ses frères. Sem et Japhet, sans regarder leur père, couvrent sa nudité. Lorsque Noé se réveille de son vin et apprend ce qu’a fait Cham, il maudit le fils de celui-ci, Canaan, disant : « Maudit soit Canaan : qu’il soit le dernier des esclaves de ses frères. » (Gn 9, 20-27)
Les enfants de Noé se dispersèrent, Sem vers l’est, Cham vers le sud, et Japhet vers l’ouest.
Au Moyen Âge, certains commentateurs de ce texte biblique ont présenté Cham comme étant noir de peau et la malédiction comme étant le sort de tous les humains à la peau noire. Cette interprétation a permis aux Ouest-Européens, trafiquants d’esclaves vers le Nouveau Monde, de justifier le kidnapping et la réduction à l’état d’esclaves, corvéables à merci et violentés, de millions d’êtres humains à la peau noire. Un autre texte biblique (Lévitique 25, 44 sq) apportait une justification complémentaire à l’achat et l’appropriation d’esclaves de génération en génération.
Ainsi, les États Unis et l’Inde, respectivement la plus ancienne et la plus large démocratie au monde, sont toutes deux construites sur un système de castes, déduit de textes sacrés de leur culture respective. Le premier pilier de la caste est appelé volonté divine et loi naturelle.

Deuxième pilier : l’hérédité.
Pour fonctionner chaque société à caste doit comporter des lignes claires de démarcation où chacun se voit attribuer un rang et un rôle, de la naissance à la mort, et transmissibles aux descendants. En Inde c’était généralement le père qui transmettait son rang à ses enfants. En Amérique, à la période coloniale, les enfants héritaient du rang de leur mère, tant par une loi de 1662 que par la coutume. Par cette loi les colonisateurs rompaient avec le système légal anglais qui accordait aux enfants le statut du père. La nouvelle loi permettait aux esclavagistes de s’approprier les enfants de femmes noires. Le ventre de la femme noire devenait ainsi une source de richesse et intensifiait les frontières enfermant la caste subordonnée, puisque ni la mère ni l’enfant ne pouvait rien réclamer contre un homme de rang supérieur, et aucun enfant né d’une femme noire ne pouvait échapper au rang inférieur. Ainsi les colonies devenaient une hiérarchie bipolaire de Blancs et Non-Blancs, à vie, sans possibilité de sortir du rang par l’argent ou le mariage. Ni la fortune, ni la célébrité ne peut protéger les Américains à la peau noire des humiliations, voire des brutalités de certains policiers blancs, y compris au XXIe siècle. Le mouvement Black lives matter en témoigne.

Troisième pilier : l’endogamie et le contrôle du mariage
Dans le système de caste de l’ancienne Inde, lors des premières colonisations en Amérique, et lors du régime nazi en Allemagne, il s’agit de circonscrire par la force de la loi le mariage à l’intérieur d’une même caste. Franchir la ligne blanche de l’endogamie, c’est mettre en danger la hiérarchie du système. C’est pourquoi le viol d’une femme de rang inférieur est sans grande conséquence pour l’homme, alors que la femme noire, même en cas de viol et enceinte, est flagellée. En 1691, l’État de Virginie est le premier à adopter une loi interdisant le mariage entre Blancs et Noirs, interdiction qu’adopteront 41 des 50 états américains au cours des trois siècles suivants en en faisant un crime punissable d’une amende de 5000$ et jusqu’à dix ans d’emprisonnement. Certains États allaient même jusqu’à interdire de futures lois autorisant le mariage mixte. Dans le sud des États-Unis, des Africains-Américains encouraient même la peine de mort, par lynchage, pour seulement paraître enfreindre ce pilier de la caste. C’est seulement en 1967 que la Cour Suprême a aboli ces interdictions. L’Alabama ne l’a fait qu’en l’an 2000, avec 40% de l’électorat votant contre la suppression.
Le système de caste, en créant et imposant l’endogamie, a également justifié l’inégalité des sexes. En effet le protocole était strictement imposé à l’égard d’hommes de bas rang et de femmes de haut rang. En revanche les hommes de haut rang, ceux qui faisaient les lois, se gardaient l’accès aux femmes de rang inférieur, quel que soit leur âge ou leur statut marital. De cette façon, le genre dominant de la caste dominante non seulement contrôlait la vie et les opportunités de tous leurs inférieurs, mais il éliminait aussi la compétition pour ses propres femmes, et en fait pour toutes les femmes.

Quatrième pilier : la pureté versus la pollution
C’était une véritable obsession, tant en Inde qu’aux États Unis ou en Allemagne nazie. En Inde, une personne de rang inférieur devait porter une cloche pour avertir ceux de la caste supérieure afin de ne pas les polluer par sa simple présence. D’autres devaient trainer derrière elles une branche épineuse pour effacer leurs pas, et se prosterner par terre si un brahmane passait, afin que même leur ombre ne puisse pas souiller le saint brahmane. Qu’un intouchable touche ou même s’approche d’une caste supérieure, alors il fallait procéder à des rituels de purification. Les Juifs étaient bannis des piscines publiques par les Nazis afin qu’ils ne polluent pas tout le lieu par l’immersion de leur corps. En Floride, les livres pour enfants blancs et enfants noirs ne pouvaient même pas être rangés ensemble. Et jusqu’à la morgue où les corps des Noirs devaient être séparés de ceux des Blancs.
Dans le Nouveau Monde, les États Unis sont les seuls à avoir créé un système hiérarchique basé sur l’absolutisme racial, avec l’idée qu’une seule goutte de sang africain pouvait contaminer une personne et ainsi l’exclure de la caste dominante blanche, dite caucasienne. Au contraire, en Afrique du Sud le sang des Blancs était considéré comme nettoyant antiseptique dans le paradigme pureté/pollution. Cela permettait à la minorité blanche d’augmenter son pouvoir et son nombre en accordant le statut honorifique de Blanc aux personnes considérées assez proches. Pour éviter toute contamination, toute rencontre polluante, les Africains-Américains devaient passer par la porte de l’arrière des bâtiments. Même les églises étaient discriminantes, unicolores. Dès le plus jeune âge le conditionnement était tel que jusqu’aux années 1970 la majorité des Blancs du Sud n’avait jamais ne serait-ce que serrer la main d’un Noir. Puisqu’ils faisaient le travail le plus sale, les Noirs étaient considérés comme sales et salissants.

Cinquième pilier : la hiérarchie par le métier
En 1858, le sénateur Hammond de la Caroline du sud déclarait : « En tout système social il doit y avoir une classe pour faire les tâches avilissantes… C’est une classe de peu d’intelligence et peu de compétences. Ses requis sont la vigueur, la docilité, la fidélité. On doit avoir une telle classe… c’est le sous-bassement de la société… Nos esclaves sont noirs, d’une race autre et inférieure. Le statut dans lequel nous les avons placés est une promotion. Ils sont élevés de la condition dans laquelle Dieu les a d’abord placés, en étant faits nos esclaves. » Pour lui, les Noirs sont nés dans la condition défavorisée de sous-bassement de la société, pour accomplir les tâches les plus sales, les plus avilissantes quoique nécessaires et indispensables. Leur étaient interdits sous peine de forte amende ou de 39 coups de fouet le commerce, l’artisanat, l’auto-entreprenariat… Ils devaient être exclusivement les ouvriers et les serviteurs des Blancs.
En 1890, 85% des hommes noirs et 96% de femmes noires étaient cantonnés à seulement deux types de métiers : agriculture et travail domestique ou services à la personne.
Outre ces deux occupations, les Noirs étaient contraints à l’amusement de la caste dominante. Ils devaient chanter et danser en se montrant joyeux, même après une flagellation, une séparation forcée d’avec leurs époux et enfants, ou pendant qu’ils étaient vendus aux enchères. Les soldats du 3e Reich obligeaient aussi leurs prisonniers juifs à les amuser, à leur jouer de la musique classique.

Sixième pilier : la déshumanisation et la stigmatisation
Il s’agit d’un processus, d’une programmation. C’est une guerre contre la vérité. C’est tout un groupe qui est stigmatisé, mis à l’écart, abaissé. La personne unique n’existe pas dans la basse caste, mais seulement chez la caste dominante. L’Allemagne nazie a blâmé les Juifs pour la défaite de la Première Guerre mondiale. Leur déshumanisation consistait à les dépouiller de leurs vêtements et effets personnels dès leur arrivée aux camps de concentration. Cheveux et barbes étaient rasés. Ils étaient uniformisés. Ils devenaient des numéros inscrits sur leur peau et qu’ils devaient mémoriser. En arrivant en Amérique les Africains étaient privés de leur noms, obligés de répondre à d’autres noms méprisants ou moqueurs, comme s’il s’agissait de chiens qui changent de propriétaire. Les intouchables aussi recevaient des surnoms qui les identifiaient au travail dégradant qu’ils accomplissaient et qu’ils devaient mentionner chaque fois qu’ils se présentaient.
Dans les deux systèmes les plus récents, la nourriture était réduite au minimum vital. Les Nazis ont approché la privation humaine comme une science : ils calculaient le nombre de calories requis pour une tâche déterminée et donnaient à leurs prisonniers/cobayes cent ou deux cents calories en moins, pour faire des économies et les rendre trop faibles pour réagir tandis qu’ils mouraient lentement de faim. Ils devaient porter des tenues de prisonnier en tissu grossier, volontairement trop grandes ou trop petites. Les réactions humaines les plus élémentaires étaient interdites aux esclaves : ils n’étaient pas autorisés à pleurer lorsque leurs enfants leur étaient enlevés et embarqués ; ils devaient même chanter lorsque leur conjoint était vendu et emmené sans espoir de retrouvailles. Ils étaient punis d’être les humains qu’ils ne pouvaient pas s’empêcher d’être. Par ailleurs, en Allemagne nazie comme aux États-Unis, ils étaient soumis à des expérimentations médicales indignes, infra-humaines, sans consentement ni anesthésie. Même les jeux des enfants organisés par des adultes dans les foires, et les discours des parents comme des enseignants, faisaient passer le message que la violence à l’égard des Africains Américains est tout-à-fait normale et amusante. Ce lavage de cerveau permanent a désensibilisé des générations successives d’enfants blancs à l’égard de la violence raciale et les a immunisés contre l’empathie.

Septième pilier : la terreur comme renforcement, la cruauté comme moyen de contrôle
Selon Isabel Wilkerson, la seule façon de garder un groupe entier dans un lieu artificiellement construit, au-dessous de tous les autres et de leurs propres talents, est la force et la terreur psychologique et physique, pour prévenir la résistance avant même qu’elle ne soit imaginée. Le mal exige peu de la caste dominante : juste se tenir à l’écart et ne rien faire. Tout ce qui est demandé est la complicité silencieuse à l’égard du mal commis en leur nom. Et surtout il fallait rappeler à la caste dominée le pouvoir suprême que la caste dominante exerçait sur elle. D’où les atrocités commises : flagellations, viols, homicides en tout genre, y compris par le feu, le lynchage, les pendaisons publiques, pour des motifs extrêmement futiles. Ces crimes commis par les Blancs étaient reconnus comme tels, méritant les peines les plus sévères, mais le pays acceptait qu’ils soient commis du moment que c’était contre des Noirs. Et cela a continué pendant un quart de millénium d’esclavage en Amérique. Les Nazis n’étaient pas en reste en matière de cruauté. L’exemple américain et l’imagination étaient exploités au maximum.

Huitième pilier : la supériorité innée versus l’infériorité
Derrière chaque pilier étaient le présupposé et le rappel permanent de la supériorité innée de la caste dominante et l’infériorité innée de la caste dominée. Il ne suffisait pas que les groupes désignés soient séparés pour des raisons de « pollution », ou que les mariages mixtes soient prohibés, ou que la basse caste souffre à cause d’une malédiction religieuse, mais il fallait comprendre qu’en chaque interaction humaine, un groupe était supérieur et fondamentalement méritant du meilleur dans une société donnée, alors que les groupes considérés comme inférieurs méritaient leur sort. Cette infériorité n’était jamais remise en cause et devenait le fondement de l’assignation au statut servile permanent. Constamment, le groupe dominant se voyait rappeler la déférence due à son groupe et la dégradation convenant au groupe inférieur.
Ce conditionnement nécessitait des signes et symboles pour être renforcé. Toujours céder sa place sur le trottoir, quitte à devoir marcher dans le caniveau, ne pas s’habiller plus élégamment etc. Quand bien même il s’agissait de personnes incultes, ne sachant ni lire ni écrire, ou sadiques, ou ivrognes, la soumission totale et joyeuse envers elles était exigée, quelles que soient les circonstances. Le conditionnement était tel que bien après l’abolition de l’esclavage, intervenue en 1865, les mentalités n’avaient pas changé. Le système prévalait avec des variants. En 1944, lors d’un concours littéraire sur le thème « Que faire d’Hitler après la guerre ? », la gagnante, une Africaine-Américaine de 16 ans avait écrit : « Mettez-le dans une peau noire et laissez-le vivre en Amérique pour le reste de ses jours. »

L’histoire des deux premières décennies du XXIe siècle en Amérique et les dernières élections montrent à quel point cette mentalité de caste est encore loin d’être du passé. La perspective d’une population blanche devenant minoritaire en 2042, selon une étude démographique récente, est un signal intolérable pour tous ceux qui croient encore à la suprématie blanche, tels Donald Trump et ses admirateurs. Le président Joe Biden, blanc, et la vice-présidente Kamala Harris, noire, auront fort à faire pour que disparaissent les injustices liées à la couleur de la peau, au genre et à la nationalité, pour faire advenir une société démocratique, sans bouc émissaire, où chacun pourra développer ses talents et contribuer au bien de tous.
Personne n’est indemne de cet état d’esprit inconscient, transmis de génération en génération. Et il ne disparaîtra que par une conscientisation et une action déterminée. Cela nécessite du courage certes. Mais nous sommes responsables de notre ignorance comme de notre sagesse. Aux générations futures de nous juger. À chacun-e de nous d’assumer notre part de responsabilité, là où nous sommes, avec les moyens que nous nous donnons, car un monde sans caste libérerait chacun, les dominants comme les dominés.
Par cet ouvrage remarquable, Isabel Wilkerson nous y aidera si nous avons l’esprit suffisamment ouvert. Puisse son livre être traduit en de multiples langues pour que puissent en bénéficier nos frères et sœurs humains de toutes les couleurs !

Évelyne Tully