La peur – Compte rendu

Dimanche 24 mars à la Maison Chavril tenue par les Oblats de Marie, près de Lyon, Przemek nous accueillait pour une représentation de la pièce de François Hien, La Peur, jouée par la compagnie L’Harmonie communale.

Qui était ce « nous » ? Une petite centaine de proches de trois associations réunies pour l’occasion : le comité de la jupe, dont le groupe local de Lyon était à l’initiative de l’aventure, la CCB-lyon représentée par Mireille Collet, et DJ Arc en ciel Lyon avec notamment Gabriel Sampaio.

Mireille Collet, Sylvaine Landrivon et Gabriel Sampaio

Le sujet de la pièce de François Hien est poignant, plus encore quand il interpelle l’auditoire chrétien qui s’était réuni pour l’entendre.

Sans « divulgâcher » l’histoire, il est question de graves dysfonctionnements au sein de l’institution catholique, et notamment le refus d’assumer le caractère systémique des abus sexuels en les masquant par des abus de pouvoir et l’application de l’hypocrite loi du silence.

La profondeur du texte, servie par l’intensité du jeu des acteurs et de l’actrice, fait courir le risque de bouleverser les spectateurs, certains même au-delà de ce qu’ils envisageaient. La force de l’émotion est augmentée par la forme de cette représentation dite « à la table », car l’ensemble de la pièce se déroule au milieu des personnes présentes, en pleine lumière. Plusieurs nous ont fait part, après la pièce, du choc qu’ils avaient reçu, tant les propos touchent juste. Mais heureusement, aucun n’en a été blessé, vivant parfois cette confrontation à la réalité de leur vie, comme le début du chemin en semaine sainte, avec en vue la lumière de Pâques.

L’événement était organisé de telle manière que les spectateurs puissent dialoguer avec les acteurs et l’auteur à l’issue de la représentation, ce qui a permis une expression ouverte et chaleureuse autour de ce thème complexe.

Il ne faut pas hésiter à revenir au texte de François Hien. La Peur est publiée aux Editions théâtrales et se trouve dans toutes les bonnes librairies.
Et pour les non lyonnais, l’équipe nous informe que la pièce sera jouée dans le même dispositif au café Dorothy à Paris le 16 juin et au festival de théâtre de Malay le 17 août.

A l’heure où le pape François n’a toujours pas reçu Jean-Marc Sauvé, où l’intérêt pour les victimes d’abus sexuels semble s’estomper alors que les révélations d’horreur continuent, en cette période où la réception de Fiducia supplicans fait grincer des dents tant de catholiques bien-pensants qui n’apprécient pas de voir bénis des couples qui s’aiment au prétexte qu’ils seraient homosexuels ou divorcés-remariés, il est important d’interroger l’attitude de l’institution cléricale en pointant les drames qu’elle entretient. C’est en cela que la pièce de François Hien, sans polémique, sans militantisme exacerbé, est importante.

Merci à toutes celles et ceux qui sont venus dimanche, merci à l’auteur et merci à la troupe de l’Harmonie communale.