La Révolte des femmes dans l’Église… Et soudain elle a éclaté et s’est renforcée avec la pandémie

En Espagne aussi, les femmes revendiquent une vraie place dans l’Église.
Elles parlent même de « révolte » ! Une révolte qui s’est étendue à presque toutes les provinces : Barcelone, Séville, Santiago, Grenade, Santander, Logroño, Valencia, Pamplona, Bilbao, Zaragoza…

Le 1er mars, il y a un an, la Révolte des femmes dans l’Église a rendu publiques nos propositions et revendications avec des actions de célébration aux portes des cathédrales de Madrid, Barcelone, Séville, Saragosse, Las Palmas, Valence, Burgos… Ainsi nous avons rejoint une initiative qui depuis Barcelone et sous l’appel de la plateforme des femmes chrétiennes Alcem la veu brassait depuis longtemps avec cette patiente plantation, résistante contre vents et marées que les groupes Femmes et Théologie ou d’autres groupes de féministes chrétiennes faisions dans l’Église espagnole pendant des années.

Et soudain elle a explosé… comme une source d’espoir et d’intelligence collective face à la lenteur des changements dans l’Église et au manque de reconnaissance de nos capacités et charismes dans l’accès aux ministères. En toile de fond, un fait qui fut sans doute un déclencheur : le refus du vote des femmes au Synode de l’Amazonie, en contraste avec leur participation active et leur implication en tant qu’église sortante, présence prophétique dans les périphéries.

Une fois de plus, notre parole a été réduite au silence. Mais de ce silence est née une clameur : mettre fin à notre invisibilité et à la discrimination des femmes dans l’Église. Récupérer la mémoire transgressive de Jésus dans l’Évangile et rappeler au Pape François le besoin urgent de changements structurels dans l’Église, du point de vue des femmes et jusqu’à ce que l’égalité devienne une habitude. Rejoindre le mouvement mondial des femmes Voices of Faith a remodelé nos actions et nos réflexions et a élargi notre conscience mondiale et œcuménique.

Et la pandémie est arrivée… Face à la paralysie et au recul qui ont caractérisé certains secteurs ecclésiaux, le covid nous a rendus plus résistants et créatifs. Une fois de plus, ce sont les femmes qui ont été en première ligne, soutenant la vie et la mettant au centre et une fois encore, nous serons aussi celles qui porteront la dureté de cette crise économique et sociale sans précédents. Pendant ces mois de confinement nous avons tissé un travail minutieux et inlassable en réseaux, conjuguant vitalement trois verbes essentiels dans la densité du présent qui nous traverse : nous accompagner, soutenir l’espoir et pousser les initiatives communautaires des femmes. En conséquence de ce tissage en commun et en sororité, la Révolte s’est étendue à de nouvelles régions de l’État : Salamanque, Vitoria, Cordoue, Badajoz, Grenade, entre autres villes, et en même temps elle s’est jumelée avec des groupes de femmes féministes chrétiennes en Amérique Latine, tels que Sur les traces de Sophia, au Mexique, ou les femmes argentines, etc.

Également au cours de ces mois, le pape François a procédé à de nouvelles nominations de femmes dans des postes d’importance. L’une des plus représentatives est peut-être celle de Nathalie Becquart, en tant que secrétaire du prochain Synode des évêques. Pour la première fois, une femme aura une voix et votera dans cet espace. Nous valorisons ces nouvelles nominations de femmes comme un signe d’espoir, mais en même temps elles semblent clairement insuffisantes. Les femmes constituent la moitié de l’Église et notre représentation dans les lieux de prise de décisions est pratiquement inexistante. Nous sommes également convaincues que les réformes du pape François et les changements structurels auxquels nous aspirons ne seront pas possibles sans la mobilisation des mouvements de base de l’Église et, en ce sens, des femmes des mouvements féministes chrétiens et des femmes des communautés et des paroisses sont un moteur essentiel du changement.

En mars de cette année, nous nous sommes réunies dans une célébration de la mémoire et de l’espoir, avec les protocoles sanitaires requis, qui a été diffusée sur nos réseaux. La devise qui nous a convoquée cette fois était « Si les femmes se taisent, les pierres crieront ». Paraphrase de l’évangile de Luc 19,40, car nous sommes convaincues que le cri des femmes est aussi le cri de Dieu et nos exigences ne peuvent être réduites au silence.

Nous travaillons et continuerons de le faire pour une Église synodale qui reconnaît la pleine ministérialité des femmes. Pour cette raison, nous exigeons de profonds changements structurels du point de vue des femmes, en syntonie avec l’Évangile et la pratique de Jésus dans la reconnaissance des dignités et la mise en avant de la vie face aux préceptes et aux légalités qui excluent. Parmi ces revendications : avoir une voix et voter, pouvoir décider, célébrer et prêcher dans une Église égalitaire ; repenser la morale sexuelle à partir de la miséricorde et de la tendresse, mettre fin à l’exploitation et à la violence contre les femmes à l’intérieur et à l’extérieur de l’Église ; reconnaître la théologie féministe et éliminer le langage sexiste dans les textes, les manuels d’enseignement et les rituels. Bref, une Église qui lit la Bible, la tradition et l’actualité avec les yeux d’une femme et qui comprend des femmes de diverses conditions sexuelles.

Ces propositions et demandes naissent de la passion pour Jésus et de l’utopie du Royaume et c’est pourquoi nous les faisons en sa mémoire et de celle des femmes de l’Évangile : Marie-Madeleine, Marie de Nazareth, Jeanne de Chuza, Susanne, Marie de Cléophas, Marthe et tant d’autres qui avec Jésus ont transgressé l’ordre patriarcal et inauguré l’Église comme une communauté d’égaux. Avec ce sentiment d’être en communion et d´appartenir et travailler pour l´Église, nous avons écrit au pape François une lettre qui insiste sur le chemin synodal comme un chemin en suspens qui ne peut se faire sans la pleine participation des femmes et jusqu’à ce que l’égalité devienne une habitude.

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