Le récent procès pour viol d’un évêque en Inde s’est terminé par un acquittement, malgré les affirmations de la religieuse abusée. C’est un acquittement mal justifié, la victime a été mal entendue. Nous ne devons plus laisser passer de tels actes sans les dénoncer. Aussi, le Comité de la jupe vous invite à signer cette pétition, portée par le Catholic Women Council, réseau dont le Comité de la jupe est membre.

La voix des catholiques inquiets
VOIX DES CATHOLIQUES CONCERNÉS sur L’ACQUITTEMENT DE MGR FRANCO MULAKKAL, ACCUSÉ DANS L’AFFAIRE DU VIOL DE RELIGIEUSES.
Nous, catholiques, sommes profondément préoccupées et choqués par le jugement rendu par la Cour de Kottayam, au Kerala, qui a acquitté l’accusé dans une affaire de viol.
Le jugement ne tient pas compte du fait que l’agresseur était dans une relation de pouvoir et d’autorité sur la victime. Il ne tient pas compte de ses multiples vulnérabilités en tant que religieuse. Des divergences mineures dans sa déclaration sont invoquées pour présenter la victime comme une manipulatrice et une personne avide de pouvoir qui a déposé une fausse plainte seulement pour ternir l’image de l’évêque.
Une inférence défavorable de divergence et d’incohérence a été tirée du fait que la Soeur n’a pas utilisé la même terminologie lorsqu’elle a décrit ses expériences d’agression sexuelle à différentes personnes. Il a ignoré les inhibitions culturelles de la religieuse, et le profond traumatisme mental et émotionnel des survivantes de viol, qui les invalide, ce qui rend difficile pour elles de revivre et de verbaliser leurs expériences d’agression sexuelle dans un langage légalement accepté.
Nous tenons à souligner que même si ce jugement a acquitté l’évêque accusé, cela ne devrait pas dissuader les tribunaux ecclésiastiques de mener une enquête (Can. 1717§1) et en donnant à la victime le droit de participer à la procédure et de demander réparation des dommages et intérêts exigés par le Canon 1729 §1.
Nous sommes consternés par l’attitude insensible des responsables de l’Église en Inde et au Vatican, qui n’ont pas répondu de manière sensible et constructive à ce grave problème d’agression sexuelle. La religieuse victime a fait tout son possible pour résoudre le problème au sein des structures internes de l’Église (lettres datées du 11 juillet 2017 au cardinal Alencherry, Kerala ; 28 janvier 2018 au Nonce ; 14 mai 2018 au Pape et aux trois Dicastères du Vatican) et ce n’est que lorsque sa plainte a été ignorée qu’elle s’est adressée à la police. Si les autorités de l’Eglise avaient répondu à ses appels désespérés, la question aurait pu être résolue en interne. Au lieu de cela, ils ont nié son existence en tant que fille de l’Église en lui refusant le droit de demander justice au sein de la famille ecclésiastique.
Dans son discours à ses confrères évêques le 22 février 2019 lors du Sommet du Vatican sur la crise des abus sexuels, le cardinal Oswald Gracias énumère les raisons qui peuvent motiver « une réponse institutionnelle défaillante ou inadéquate aux abus sexuels » :
a. « Ne pas écouter les victimes ni prendre leurs plaintes au sérieux »;
b. « Ne pas étendre les soins et le soutien aux victimes et à leurs familles » ;
c. Ne pas retirer les agresseurs de situations qui leur permettraient d’abuser d’autres victimes.
d. « Donner la priorité à la protection des préoccupations institutionnelles au-delà des soins aux victimes.»
À en juger par ces faits, l’Église a lamentablement échoué dans sa réponse à la religieuse affligée par le crime d’agression sexuelle.

Nous demandons donc instamment que :
1. Les responsables ecclésiastiques concernés rendent visite à la religieuse traumatisée et à ses compagnons et l’écoutent ;
2. Des mesures immédiates soient prises pour que justice soit faite et que leur bien-être soit assuré ;
3. La victime et les soeurs qui la soutiennent, qui constituent sa « communauté », soient protégées et autorisées à continuer de résider et d’exercer leur mission dans le couvent de la Maison de la Mission Saint-François ;
4. L’Église fournisse à ces soeurs le soutien psychologique, spirituel et financier dont elles ont besoin (Art.5 Motu Proprio Vos Estis Lux Mundi).

Afin de maintenir l’intégrité et la crédibilité de l’Église catholique, nous insistons sur le fait que :
1. Franco Mulakkal n’ait plus de responsabilités administratives ni de direction spirituelle en tant qu’évêque dans un diocèse tant que l’affaire n’est pas terminée (cf. Can.1395§2).
2. En tant qu’évêque de Jalandhar et patron de sa congrégation, il soit déplacé hors de Jalandhar afin qu’il ne puisse pas utiliser sa puissante influence pour intimider la Soeur et ses compagnes.

Pour prévenir la récurrence du harcèlement, des abus et des agressions sexuelles, il est impératif que l’Église mette en place les structures nécessaires. Nous exigeons donc que :
1. La transparence et une responsabilité absolue dans la manière dont les cas d’abus sexuels sont traités dans l’Église ;
2. Chaque institution/paroisse gérée par l’Église et comptant dix employés ou plus doit avoir un Comité des plaintes internes (CCI), conformément à la Loi de 2013 sur le harcèlement sexuel des femmes sur le lieu de travail (prévention, interdiction et réparation) et aux Normes de la CBCI sur le harcèlement sexuel sur le lieu de travail, 2017 ;
3. Les Directives pour le traitement des cas d’abus sexuels commis par le clergé, publiées par le Vatican, et les noms des membres des Comités institués pour les mettre en oeuvre, soient rendus publiques afin que les fidèles sachent où porter plainte, quelles procédures seront suivies et le type d’action qui sera entrepris. Les femmes ayant l’expérience et l’expertise nécessaires doivent participer au processus de réception des plaintes, aux enquêtes, à la prise de décisions et aux mesures de suivi.
4. Le droit canonique et la théologie du sacerdoce doivent être révisés pour le débarrasser des éléments qui engendrent le cléricalisme qui est un facilitateur de l’abus sexuel clérical.

Avancer sur le chemin synodal
Le Pape François a appelé le peuple de Dieu à cheminer ensemble dans un esprit de synodalité. Cette déclaration est un pas en avant « pour aider à façonner une nouvelle façon pour l’Église de comprendre et d’articuler la compréhension interne de soi » (Synode 2023, Document préparatoire).
Nous espérons que cette déclaration sera reçue par les responsables ecclésiastiques dans un esprit d’écoute, sachant que nous sommes tous unis et appelés à marcher ensemble dans la vie de notre mission de vérité et de justice dans les temps présents.

Auteur : Soeurs Solidaires

Signer la pétition :  https://forms.gle/awwQmA1VJRr53rqh7