Synode sur la synodalité : notre réponse

Dans le contexte de la crise que traverse l’Église, le pape François a lancé un synode sur la synodalité, « Pour une Église synodale : participation et mission ». Lancé en novembre dernier, et jusqu’en 2023, l’Église invite tous ses fidèles à réfléchir sur « Comment faire Église ? ».

Un document préparatoire au synode a, également, été publié sur le site du Vatican. Son objectif est de guider la réflexion et délimiter le périmètre.

Le Comité de la Jupe a voulu entrer dans cette démarche qui semblait, à première vue, riche de sens et d’ouverture. Cependant, la lecture des deux documents, nous a profondément dérangés par le ton, les présupposés et le cadre de réflexion.

Voici donc la réponse du Comité de la jupe au questionnaire sur la synodalité :

Premièrement, la synodalité serait une discussion entre les membres de l’Église, afin de définir où l’Esprit Saint agit. La part lumineuse des documents parle de la synodalité de l’Église comme signe pour le monde. Elle insiste sur la pierre que chacun peut y apporter en suivant le Christ. Leur part sombre induit subrepticement que chaque critique devra se faire dans le cadre prédéfini par l’institution et sous la supervision d’une hiérarchie qui ne se sent, à aucun moment, contestable et ne questionne ni sa légitimité ni sa crédibilité.

Le document préparatoire souligne pourtant que pour se soustraire aux tromperies du 4ème acteur, Satan, une conversion permanente est nécessaire.[1] Ainsi, nous pensons donc qu’il manque un questionnement fondamental.  Celui-ci interrogerait le cœur du système catholique quant à la part de l’Esprit et la part de ce 4ème acteur dans le surplomb hiérarchique des clercs.

Ce 4ème acteur, l’antagoniste[2], est aussi mobilisé pour décrédibiliser toute pensée dissidente à la doxa ecclésiale. Ainsi, rien ne semble aborder sérieusement ce qui fâche en ce qui concerne les assignations sur la nature des femmes, le statut des minorités sexuelles et une forme d’œcuménisme où l’Église se pose au centre de la galaxie religieuse comme seule détentrice de la vérité.

La posture du document étouffe ainsi le principe même de la synodalité guidée par l’Esprit. Comment dire à l’institution qu’elle fait partie du problème ?

Deuxièmement, nous nous sommes retrouvés écrasés par l’injonction de la culpabilité. Ainsi, en parlant des scandales sexuels, un pronom « nous » semble collectiviser les fautes alors que la gouvernance reste l’apanage exclusif des clercs.[3]

De même, le ton du texte semble aussi vouloir faire assumer par les laïcs le déclin de l’Église catholique. Pourtant ceux-ci n’ont pu que constater, voire subir, les erreurs accumulées de la hiérarchie qui, depuis le 15ème siècle, s’est opposée à tout esprit critique et toute connaissance qui la déstabilisaient dans ses certitudes.

Troisièmement, malgré un discours qui semble être démocratisant, il n’y a réellement que très peu de place pour une pensée indépendante des laïcs et des minorités. Les références évangéliques assimilent Jésus et les apôtres aux clercs et les laïcs au troupeau. Or, notre baptême fait de nous des apôtres égaux aux yeux de Dieu. Et donc, fort.es de ce constat, nous nous ne voulons plus être limité.es à des bêlements dont le souffle ferait tourner les moulins à vent du Vatican.

En conséquence, le Comité de la Jupe a décidé que sa réponse au questionnaire se limiterait à en souligner les failles, les hypocrisies et les enfermements. Ce que nous venons de faire par cette lettre.

Y répondre serait, en effet, rentrer dans un jeu dont les dés sont pipés. Comment réussir à avancer ensemble quand la hiérarchie n’écoute que ce qui l’arrange ? Nous décidons donc d’entrer dans un rôle de veilleurs et nous tirons la sonnette d’alarme.

[1] Document préparatoire, n°21 https://www.synod.va/content/dam/synod/document/common/preparatory-document/word_pdf/DOCUMENTO-PREPARATORIO-FRANCESE.pdf

[2] Ibidem

[3] Document préparatoire, n°6, A propos des abus sexuels commis par les clercs : Nous sommes continuellement interpellés « en tant que Peuple de Dieu d’assumer la douleur de nos frères blessés dans leur chair et dans leur esprit ».