Un combat pour l’égalité – Genre en christianisme
sous la direction de FHEDLES – Femmes et Hommes, Droits et Libertés dans les Églises et la Société
Ce livre, a priori sérieux, se lit presque comme un roman. A travers une sélection d’articles et de conférences situées sur une cinquantaine d’années, entre le concile de Vatican II et les années récentes, cette publication de FHE-genre en christianisme, sous la direction de FHEDLES raconte la longue et prophétique histoire du féminisme catholique. Par la plume de tant de pionnières comme Yvonne Pellé-Douel, Marie-Thérèse Van Lunen-Chenu, Marie-Jeanne Bérère, et avec le concours de L’autre Parole, du Québec, et Ivone Bebara, du Brésil, se dessine une longue histoire de militance, faite d’intuitions et de beaucoup d’intelligence. C’est passionnant.
Nos combats actuels, au Comité de la jupe, ne sont pas nés de rien. Ils ont été initiés hier, souvent dans une quasi-totale obscurité médiatique, mais avec, me semble-t-il, une plus grande complicité d’une partie progressiste du clergé, aujourd’hui disparue. C’étaient des années d’espoir. Le chemin semblait tracé, la voie ouverte, il était facile d’imaginer que les derniers verrous allaient sauter. Cinquante ans plus tard, le bilan est amer, la violence de la réaction est stupéfiante. Acculée à la réforme, elle soutient l’insoutenable, au prix d’une dérive profonde par rapport à l’essence du christianisme… Mais elle a pignon sur rue, et la plupart des catholiques ne voient même pas qu’elle est radicalement incompatible avec l’enseignement de Jésus.
Aussi est-il, non seulement judicieux, mais indispensable de s’appuyer sur la longue expérience de nos sœurs aînées. Elles ont tout arpenté : l’Écriture, la théologie, l’ecclésiologie, les sacrements, la mariologie…. La solidité de leurs argumentaires théologiques est une arme puissante devant l’ineptie des propos actuels au sujet des femmes que laisse propager l’institution et que véhiculent un peu vite des milieux catholiques.
Aussi je redis ma gratitude envers ces femmes et ces hommes qui continuent à ouvrir des chemins féconds pour la pensée et l’action. Et je recommande vivement ce livre à tous ceux et à toutes celles qui veulent connaître, non seulement l’histoire du féminisme catholique, avec les argumentaires croisés des pro-égalité femmes -hommes et de l’institution qui s’y oppose, mais je souhaite que puissent le lire aussi ceux et celles qui viennent au féminisme catholique sans être passés par les bancs des facultés de théologie, car il leur apportera de précieux éléments de formation.
Anne Soupa