Passion de Jésus : des femmes et encore des femmes !

Selon Marc (14,1-2) et Matthieu (26, 1-5) les grands prêtres et les scribes cherchent comment arrêter Jésus par ruse, pour le tuer. Au même moment, Jésus annonce à ses disciples que le « Fils de l’homme va être livré pour être crucifié ». Les jours de sa passion viennent de commencer.

Et immédiatement, ce sont les femmes qui entrent en scène.

Une femme, qui n’était pas conviée au diner organisé par Simon à Béthanie, vient trouver Jésus. Elle porte un flacon d’albâtre contenant un parfum de grand prix qu’elle verse sur la tête de Jésus. L’assistance ne comprend rien, choquée par cette dépense inutile, cet argent perdu qui aurait pu servir aux pauvres ! Cette femme touche le corps vivant de Jésus qui a annoncé sa crucifixion prochaine ; non seulement, il ne repousse pas cette femme, mais qui plus est, il est pleinement en phase avec elle, on peut même penser qu’il est ému par ce geste magnifique et sensuel, excessif, passionné et gratuit, par ce parfum enivrant, signe de vie, mais prémices de son corps embaumé.

Une femme, servante du Grand Prêtre, n’a pas peur d’apostropher Pierre pour lui dire la vérité : « Toi aussi, tu étais avec le Nazaréen, avec Jésus » mais il nie : « Je ne sais pas et je ne comprends pas ce que tu veux dire… Je ne connais pas l’homme dont vous me parlez » (Mc 14, 67-68 – 71). Cette femme a donc vu Jésus et ses disciples, en a gardé la mémoire, puisqu’elle reconnaît Pierre que la peur et la lâcheté font mentir trois fois.

La femme de Pilate est bouleversée par un rêve ; sûre de son intuition, elle veut éviter que son mari, gouverneur romain, ne prenne une mauvaise décision, relâchant Barabbas et livrant Jésus aux grands prêtres et aux anciens. « Pendant qu’il siégeait sur l’estrade, sa femme lui fit dire :  » Ne te mêle pas de l’affaire de ce juste ! Car aujourd’hui j’ai été tourmentée en rêve à cause de lui. » (Mt 27,19).

Cette démarche révèle la peur de cette femme, mais sans connaître ce Juif Jésus, elle veut sauver de la mort cet homme juste et innocent. Elle n’aura pas gain de cause !

Pilate, lui, hésite sur la culpabilité de cet homme, car il sait et reconnaît que certains Juifs appellent Jésus « Messie ». Finalement, lui aussi par peur et lâcheté, condamne Jésus et proclame : « Je suis innocent de ce sang, c’est votre affaire. » (Mt 27, 24)

Une femme, Véronique, selon une légende des VIIe et VIIIe siècles, reprise dans la 6e station du chemin de croix, croise Jésus sur le parcours du Golgotha ; bravant la soldatesque, elle lui tend son voile pour qu’il s’essuie. Il le lui aurait rendu y laissant l’empreinte sanguinolente de son visage. C’est un geste émouvant, quasi maternel et plein de compassion.

Une femme, Marie, sa mère : « Près de la croix de Jésus se tenait debout sa mère » ; Jésus dit à sa mère : « Femme, voici ton fils. » (Jn 19, 25-26). Marie, prostrée, ne dit pas un mot, car sa douleur est trop intense.

Un petit groupe de femmes, fortes et déterminées, que personne n’avait pu arrêter en chemin, mais effondrées par la mort lente et horrible de Jésus, se tiennent près de la croix, seules avec Jean. Elles ont sans doute entendu Jésus crier le psaume 22, puis expirer dans d’atroces souffrances. Elles sont présence silencieuse, en communion avec lui, dans l’intensité de leur peine. « Il y avait aussi des femmes qui regardaient à distance et parmi elles, Marie de Magdala, Marie la mère de Jacques le Petit et de José et Salomé qui le suivaient et le servaient quand il était en Galilée et plusieurs autres qui étaient montées avec lui à Jérusalem. » (Mc 15, 40-41)

Ces femmes, selon la tradition, se soucient des soins du corps du supplicié qu’elles aiment. Elles « achetèrent des aromates pour aller l’embaumer » (Mc 16, 1) avant de se rendre au tombeau, creusé dans le rocher.

Femmes stupéfaites, le tombeau est vide…

Saisies de frayeur, elles voient un jeune homme, vêtu de blanc, qui leur dit : « Soyez sans crainte, je sais que vous cherchez, Jésus le crucifié. Il n’est pas ici, car il est ressuscité, comme il l’avait dit » ; « puis, vite, allez dire à ses disciples :  » Il est ressuscité des morts et voici qu’il vous précède en Galilée, c’est là que vous le verrez. » » (Mt 28, 7) « Et voici que Jésus vint à leur rencontre et leur dit « Je vous salue ». Elles s’approchèrent de lui et lui saisirent les pieds en se prosternant devant lui. » (Mt 28, 9)

Marie de Magdala, en pleurs, ne reconnaît pas tout de suite le Seigneur, mais quand Jésus l’appelle par son nom, elle comprend tout immédiatement et désire le retenir, mais Jésus l’envoie annoncer aux disciples l’incroyable : « J’ai vu le Seigneur et voilà ce qu’il m’a dit : « Je monte vers mon Père qui est votre Père, vers mon Dieu qui est votre Dieu ». » (Jn 20, 17)

Toutes ces femmes ont perçu en Jésus l’homme exceptionnel ; certaines ont cru en sa parole, et elles ont annoncé « les premières » l’inouï de sa Résurrection, Victoire sur la mort !

Rien de ce chemin qui va de la naissance à la passion à la résurrection ne leur est étranger… pour l’éternité.

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Catherine Rabouan